TEXTES: FABIEN FEISSLI
PHOTOS: GEORGES HENZ

Avocat à Delémont, depuis six ans, Boris Schepard est passionné par sa profession, qu’il décrit comme très diversifiée et particulièrement enrichissante.
Pour lui, peu importe l’identité de ses clients, seul leur intérêt compte. Pour autant, il se doit de rester toujours indépendant vis-à-vis d’eux afin de pouvoir les défendre au mieux.
Charge au trentenaire, à partir des textes de loi existants, de faire preuve d’imagination pour argumenter de la manière la plus favorable possible et convaincre le tribunal de suivre son interprétation.

 

Pour Me Boris Schepard, devenir avocat était une évidence. «J’ai toujours eu un esprit de justice, cette envie de trouver des solutions», raconte le trentenaire. Attablé dans la salle de réunion du cabinet Steullet Avocats, qu’il partage avec deux confrères depuis 2013, à Delémont, le Jurassien souligne l’importance du droit dans notre vie quotidienne. «Il régit toute notre civilisation, tous nos actes. Même quand vous achetez du pain à la boulangerie, vous passez un contrat oral», décrit-il. Passionné très jeune par le domaine juridique, Boris Schepard a mené toutes ses études dans cette optique. Son master en droit en poche, il découvre les réalités de sa profession durant son stage d’avocat à Porrentruy (JU). «Quand vous sortez de l’université, vous avez beaucoup de connaissances théoriques. Mais encore faut-il savoir les appliquer. Dans la réalité, il y a tout un côté psychologique. Le b.a.-ba du métier, c’est d’être capable de vraiment écouter son client pour comprendre ses attentes et, parfois, d’aller au-delà de ce qu’il dit pour les reformuler», observe le Jurassien.
Avec quelques années de recul, il a appris à appréhender l’aspect humain de son travail. «Face à vous, vous avez toujours des personnes très différentes, certaines avec des situations plus difficiles que d’autres. Il faut être capable de se détacher de ses convictions personnelles pour défendre son client au mieux.» Celui-ci est d’ailleurs au centre de tout, selon Boris Schepard. «L’avocat n’a pas à se soucier de l’intérêt des autres parties. L’intérêt seul de son client compte. Pour que la balance judiciaire soit équitable, il faut que la défense de chacun soit absolue», assure-t-il. Ce qui ne veut pas dire que l’homme de loi est aux ordres de son mandataire. «L’un des principes déontologiques de base, c’est l’indépendance, tant à l’égard des autorités que son client pour pouvoir le conseiller au mieux. Il est évident que si vous représentez vos parents ou vos enfants, vous risquez de ne pas être objectif avec le cas», détaille le trentenaire. Car le but, pour un avocat, est de rendre son client attentif à la réalité de sa situation et à ses chances de succès. «Si on ne le fait pas nous, c’est le juge qui le fera. On défend la personne pour qu’elle ait le résultat le plus favorable possible, mais celui-ci est toujours limité par le droit.»

«Pour que la balance judiciaire soit équitable, il faut que la défense de chacun soit absolue.»

Boris Schepard, Avocat

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Au quotidien, l’homme de loi se plonge dans des domaines très variés. «Au Jura, comme le bassin de population n’est pas très grand, on ne dit pas que les avocats sont généralistes, mais qu’ils sont spécialistes en tout», sourit-il. Même si les cas de séparation et de divorce sont les plus fréquents, Boris Schepard s’occupe également d’affaires pénales et de droit de la construction. «Dans les domaines qui reviennent de manière régulière, on connaît déjà les principes de base. Mais, même là, il faut toujours aller chercher les informations, car la loi évolue constamment. Personne ne connaît le Code civil par cœur. En revanche, un bon avocat sait où aller chercher les réponses.»
En se basant sur la loi, la doctrine et la jurisprudence, Boris Schepard et ses confrères doivent, ensuite, faire preuve d’imagination pour argumenter de la manière la plus convaincante possible. «L’objectif, c’est d’amener le juge à adopter le même raisonnement juridique que vous, à se dire que vous avez raison», explique le Jurassien. Il précise que les cas qui atterrissent sur son bureau sont rarement simples. «Le droit est très vaste. Plus vous travaillez avec, plus vous prenez conscience de sa complexité. Régulièrement, vous avez des situations qui n’ont jamais été jugées. La créativité est donc essentielle, on fait du sur mesure.»
Conséquence de cette implication, un verdict peut le toucher directement. «C’est vrai qu’il y a une forme d’orgueil. Lorsqu’une décision ne vous est pas favorable, il y a une déception, c’est une sorte d’échec.» Mais est-ce que les résultats au tribunal influencent la carrière d’un avocat? «Dans cette profession, vous n’avez pas le droit de faire de la publicité. C’est beaucoup le bouche-à-oreille qui compte. Donc il est évident que si plusieurs de vos clients parlent en bien de vous, c’est toujours positif», élude Boris Schepard. Pour autant, à ses yeux, ce ne sont pas vraiment les victoires et les défaites qui comptent. «Ce qui m’importe vraiment, c’est de me faire connaître comme un avocat consciencieux. J’ai toujours cette volonté de progresser. Il n’y a jamais un moment où je me dis que tout roule. Chaque dossier est un nouveau défi.»