TEXTES: FABIEN FEISSLI
PHOTOS: CHRISTIAN BONZON
L’appartement paraît en quarantaine. De larges bandes blanches viennent calfeutrer le battant de la porte. Une fois celle-ci ouverte, l’intérieur du logement laisse pantois. Il semble avoir été dévasté. Le papier peint a été arraché et plusieurs planches de bois gisent au milieu des pièces. «On ne s’imagine pas ce que peut engendrer une punaise de lit. Genève est ultracontaminée. Ici, les locataires ont dû être évacués pour qu’on puisse faire le traitement», lâche Thierry Georges, responsable du secteur Recherche et Développement de l’entreprise A+A Désinfection. Tout en parlant, le quinquagénaire scrute les murs avec attention. «Vous voyez toutes ces taches brunes? C’est du sang humain. Les punaises s’en nourrissent, elles vont vous piquer une à cinq fois par nuit. Psychologiquement, cela peut créer un vrai traumatisme», affirme-t-il. Ici, les centaines d’insectes ont été exterminés grâce à un traitement à base de silicium. «Il y en a encore quelques-unes, mais elles sont en train de mourir», conclut finalement le spécialiste, en attrapant une petite boule noire avec une pince à épiler. Par précaution, Jean-Yann Chalono va tout de même sprayer une deuxième couche de produit dans l’appartement. Et si, pour éviter de respirer le silicium pendant qu’il l’applique, le technicien s’équipe avec une combinaison de protection, il précise, toutefois, que le traitement est organique et sans danger. «Le problème avec les solutions chimiques, c’est que les punaises finissent par y devenir résistantes. Alors que là, c’est une action physique. Cela va déchirer leur peau et elles vont s’assécher», appuie Thierry. Le travail du Genevois consiste justement à trouver des manières alternatives de se débarrasser de ce fléau. Il a notamment développé des techniques liées à la chaleur ou au froid. L’entreprise s’en sert, entre autres, pour décontaminer les matelas, canapés et autres textiles où les punaises de lit auraient pu pondre. «Personne n’est à l’abri. Vous pouvez très bien les rapporter avec vous en allant à l’hôtel. Pour nous, c’est gratifiant de pouvoir aider les gens à s’en débarrasser», indique Jean-Yann. Le trentenaire, qui a débuté dans l’entreprise il y a cinq mois, souligne qu’il apprécie également la diversité offerte par son métier. «On voit de tout, on passe d’une maison à plusieurs millions de francs aux caves d’un immeuble.»
Les rats sont très intelligents. Ils vont envoyer le plus faible en éclaireur pour goûter. S’il meurt tout de suite, ils ne vont pas venir.
Patrick Michaud, spécialiste des nuisibles