TEXTES: FABIEN FEISSLI
PHOTOS: MICHEL PERRET

Fondateur du Raw-Lab, Benjamin Ries donne des cours de cuisine à domicile, dans lesquels il promeut une nourriture saine, à base d’aliments aussi peu transformés que possible.
À ses yeux, nous devons arrêter de manger par habitude et faire davantage confiance à nos sens afin de favoriser un carburant qui soit véritablement bénéfique pour le corps.
Autodidacte, le Vaudois ne veut pas édicter de grands préceptes. Au contraire, il invite le public à remettre en cause tous les principes alimentaires, même les siens.

A 42 ans, Benjamin Ries a connu de nombreux métiers. Il est passé du journalisme à l’événementiel, puis du tourisme au magasin bio. C’est là qu’en 2013 il a décidé de se lancer comme cuisinier en autodidacte. Toujours en quête de nouvelles informations sur la question de l’alimentation saine, celui qui promeut une nourriture vivante et gourmande transmet ce qu’il a appris dans les cours qu’il donne à domicile et en entreprise.

Entre ce qui est mauvais pour notre santé, ce qui nuit à l’environnement et ce qui porte atteinte aux animaux, difficile de savoir quoi manger en ce moment…
Tout seul, c’est vrai que l’on peut se sentir perdu. C’est justement l’objectif de l’événement de la Living Food Conf que l’on organise, en octobre, à Genève. Nous aimerions fédérer une communauté de personnes en Suisse romande autour de cette problématique. La priorité, c’est de lâcher les règles que l’on a toujours entendues. Si je regarde moi, mon corps, comment je fonctionne, je suis sûr de ne pas me tromper. Si vous avez soif, buvez, si vous avez faim, mangez. Il faut être capable de s’affranchir des règles et de faire davantage confiance à ses sensations. Pourquoi toujours entrée, plat, dessert? Pourquoi forcément dans cet ordre? Pourquoi on ne saute pas un repas? Est-ce que mon corps a vraiment besoin de manger le matin? Il faut prendre du recul, arrêter de se nourrir par habitude et de manger n’importe quoi. Notre corps n’est pas une poubelle.

Cela ne nous dit pas vraiment comment faire pour manger sain.
Mais parce que bien manger, cela s’apprend, c’est comme la guitare. Si vous avez envie d’apprendre, il vous faut vous renseigner. Il y a des livres, des vidéos, des cours de cuisine. Mais il faut vous donner du temps pour le faire. C’est pour cela que je préfère parler de transition et non de régime. Le mot «régime» est trop restrictif, on enferme les gens sous des étiquettes.

Alors, comment fait-on pour commencer?
L’une des clés que je donne, c’est de sortir de votre zone de confort, de prendre un thème qui est important pour vous et de vous y consacrer à fond. Par exemple, on va se renseigner sur le petit-déjeuner, en parler avec son entourage et faire des tests avec les différentes idées pour trouver ce qui nous convient. Si on est huit milliards sur la planète, il y a huit milliards de «régimes» différents. On nous fait peur avec les protéines, les lipides, les calories, mais c’est du vent, chacun est unique. Si avec dix pains au chocolat j’ai toutes mes calories, est-ce que j’ai bien mangé?

Vous, par exemple, qu’avez-vous mangé aujourd’hui?
Ce matin, je me suis fait un bol avec des graines de chia, du lait de coco et des pousses de sarrasin. Deux heures après, j’ai pris un café avec un brownie pas cuit que je fais moi-même. Je remplace la farine par de la poudre d’amande, j’utilise des dattes pour sucrer et de l’huile de coco pour la texture. Surtout, c’est un gâteau qui se conserve plusieurs semaines, ce qui est quand même très pratique dans une société où on n’a jamais le temps. C’est pour cela que, dans mes cours, j’invite les gens à faire une nourriture qui leur serve au quotidien.

C’est quoi une nourriture qui sert au quotidien?
C’est l’inverse d’une alimentation qui perturbe le corps. C’est peut-être bon pour la langue, mais pas pour votre corps, cela ne vous permet pas d’avancer. Votre voiture, vous n’allez pas lui mettre du fendant dans le réservoir parce que vous êtes exigeant avec elle. Votre corps, c’est pareil. La question à se poser c’est: pourquoi est-ce que je continue à manger comme cela, alors que je sais que ça cause plus de dégâts que cela ne m’apporte de positif? Parce que l’on mange par émotion.

Est-ce que cela me fait du bien, ces chips?
Oui, sur le moment, mais c’est juste un truc que je veux tout de suite, qui comble un vide dans ma vie. Il faut être capable de se déprogrammer un peu de tout ce qu’on a entendu depuis l’enfance. Mes grands-parents, par exemple, ont connu la guerre, ils ont eu faim. Pour eux, c’est important de terminer leur assiette. Mais je peux les respecter et ne pas la finir parce que c’est le surplus qui va faire trop.

Est-ce que vous avez quelques astuces à nous recommander?
Si vous y tenez vraiment, je dirais qu’il faut manger le moins transformé possible, davantage de vert comme les épinards, les orties, la salade, davantage de cru, c’est-à-dire qui n’a pas été cuit à plus de 45 degrés afin de garder la nourriture vivante. Au final, c’est surtout du bon sens, il faut manger moins, plus lentement, plus varié, faire soi-même. Mais on devrait nous apprendre cela dès l’école.

À l’inverse, quels sont les aliments à éviter?
Je peux vous citer le glutamate monosodique, le gluten, le sucre blanc, le lait de vache, l’aspartam et les céréales. Mais le mieux, c’est de vous renseigner et de vous faire votre propre avis. Tout ce que je viens de dire est peut-être faux, expérimentez par vous-même.