TEXTES: FABIEN FEISSLI
PHOTOS: MURIEL ANTILLE

Tous les matins, Simone Honegger se lève à 3h10 pour se rendre à la radio où elle travaille. Alors que Lausanne dort encore, la journaliste prépare les infos pour la matinale de LFM.
Dès 6h, le tempo s’accélère, la Vaudoise enchaîne les interventions à l’antenne. Elle n’a pas une seconde à perdre, entre chaque passage, elle doit mettre à jour son texte.
Si la jeune maman souligne la difficulté de tenir un tel rythme de vie, ses collègues Philippe Morax et Antoine Weissenbach apprécient, quant à eux, l’ambiance particulière qui règne à l’aube.

«Tu as envie de démissionner tous les matins», rigole Simone Honegger sur le pas de la porte de LFM. Il faut dire que le jour ne s’est pas encore levé sur Lausanne ce vendredi-là et que, à l’heure où elle commence sa journée, les fêtards de la capitale vaudoise rentrent tout juste de soirée. Comme chaque matin, la journaliste s’est réveillée à 3h10 pour arriver la première aux studios aux alentours de 4h30. «Au moins, il n’y a pas de bouchons. Parfois je croise même des biches ou des grenouilles.» Mais elle n’a pas vraiment le temps de les admirer. «À cette heure-ci, chaque seconde compte. Tu peux très vite te mettre en retard», assure celle qui attend un heureux événement pour le mois d’octobre. Pourtant, les matinales radio, la Vaudoise connaît. Elle coanime celle de LFM depuis quatre ans. Sauf que, cet été, avec l’arrivée du bébé, la formule de l’émission a changé afin que Simone puisse plus facilement s’éclipser au moment de son congé maternité. «Ces jours-ci, c’est vraiment la course, il faut que je me rode. L’adrénaline a du bon, mais quand tu cours trop, tu ne prends plus de plaisir.»

«Tout est écrit»

En effet, le compte à rebours a commencé. Il lui reste moins d’une heure et demie pour préparer les différentes rubriques d’informations qui rythmeront la matinale de la radio: la revue de presse, le journal et la météo. Assise dans la rédaction vide, la journaliste rédige, intégralement, les textes qui seront ensuite récités au micro. Notamment les dialogues que l’animateur Philippe Morax utilisera pour la relancer durant son journal. Justement, celui-ci pousse les portes de LFM aux alentours de 5h10: «Tout est écrit très précisément, le but c’est plutôt d’être capable de sortir du texte pour donner l’impression du naturel à l’antenne», explique-t-il.
Lui aussi est un habitué des matinales, le quadragénaire anime celle de la radio lausannoise pour la sixième année. «Quand j’ai commencé, j’avais plutôt l’habitude de travailler le soir ou la nuit, je me suis dit que cela allait être compliqué. En réalité, maintenant, je me lève avant le réveil», sourit-il. Le Vaudois admet, sans peine, ne dormir que cinq ou six heures par nuit. «Je m’y suis habitué. En théorie, ce serait formidable de faire des siestes ou de se coucher tôt, mais je n’ai pas assez d’heures dans ma journée.» Le troisième membre de l’équipe, Antoine Weissenbach, qui les a rejoints aux studios, assure, quant à lui, faire attention à son sommeil. «J’ai besoin de beaucoup dormir. J’essaie d’aller au lit à 22h. Par contre, ce n’est pas évident pour ma copine. L’heure du coucher est un peu absurde et il y a un premier réveil qui lui coupe la nuit», pointe le réalisateur de l’émission. Le Vaudois souligne le privilège que représente la matinale. «En radio, c’est un peu le Graal. Beaucoup de gens nous plaignent, en interne, mais nous on est contents d’être là.»

«Je suis vidée»

À 5h56, Simone Honegger lance l’impression de ses textes et rejoint ses deux camarades dans le studio. Quand leurs micros s’allument, la table face à eux s’illumine. Après une introduction de Philippe Morax, sa feuille devant le visage, la journaliste lit son journal en prenant soin de bien articuler chaque mot. À peine la météo terminée, elle bondit hors de la pièce. «Et c’est reparti»,
lance-t-elle en s’engageant dans le couloir qui mène à la rédaction. Elle n’a qu’une vingtaine de minutes pour préparer le rappel de titres: une version raccourcie du journal. À 6h29, la trentenaire se glisse, une nouvelle fois, derrière son micro. Le manège se répète, ainsi, toutes les trente minutes.
Au fur et à mesure que le jour se lève, les passages s’enchaînent et Simone se détend. «J’ai presque le temps pour un café», sourit-elle peu avant 8h. Mais un dernier coup de stress technique la prive de ce petit plaisir. Une demi-heure plus tard, elle peut enfin souffler. «Je suis vidée», lâche-t-elle en se laissant tomber sur sa chaise. Elle reconnaît que le rythme n’est pas facile à tenir sur la durée. «Il y a des moments plus durs que d’autres, notamment en hiver. C’est vrai que je ne suis pas sûre de pouvoir faire ça pendant dix ans.» Malgré tout, elle assure qu’elle apprécie tout particulièrement ce créneau horaire. «Une fois que l’écueil du réveil est passé, c’est vraiment une ambiance agréable. On a la mission de réveiller les gens.»
Pour autant, sa journée de travail ne se termine pas à la fin de l’émission. «Maintenant, je dois préparer la matinale de lundi. Il faut que je cherche le sujet qui fait l’actualité et que j’invite la bonne personne pour en parler.» Une mission plus ou moins évidente en fonction des journées. Ce vendredi matin-là, par exemple, elle n’a pas encore trouvé le thème qu’elle souhaiterait aborder. Un dernier effort et, peu avant midi, la journaliste sera libre de partir en week-end. «Je vais pouvoir faire la grasse matinée et me lever à 7h!»