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SAMTNAHA LUNDER

Après la grève des femmes, c’est sur une autre question d’égalité que se penche la Suisse. Celle du congé paternité: actuellement, les pères qui résident sur notre territoire n’ont droit qu’à un seul jour de congé au moment de la naissance de leur enfant. La semaine dernière, le Conseil des Etats disait oui à un congé de deux semaines. En attendant que le Conseil national se prononce, nous sommes allés demander aux habitants de Bevaix ce qu’ils pensent de tout ça.

Il semblerait qu’on ne peut pas passer par Bevaix sans faire un saut à la Pointe du Grain. Les habitants du village sont unanimes, cette plage
de galets sur les rives du lac de Neuchâtel mérite le détour. Des arbres, des petits recoins au calme, chacun peut y trouver son havre de tranquillité. Mais Bevaix c’est aussi un coin très familial. Les parents croisés sur place apprécient particulièrement le verger communal, haut lieu de sortie avec leurs enfants. A quinze minutes de Neuchâtel, le village est totalement indépendant avec ses magasins d’alimentation, sa gare et sa poste.

«Les pères s’occupent énormément des enfants.»

«Je connais bien le sujet, j’ai dix petits-enfants! Et je peux vous dire que dans chacune des familles, les femmes travaillent autant que les papas. Je suis en faveur d’un congé paternité, car les jeunes pères s’occupent, aujourd’hui, énormément des enfants, ce qui n’était pas le
cas pour ma génération. Cela a beaucoup changé, donc le congé doit lui aussi évoluer.»

Anne de Chambrier,
78 ans, mère de famille, de Bevaix

«Quand bébé naît et qu’on est au job, on a la tête ailleurs.»

«La femme souffre déjà assez pour l’accouchement, c’est important que le papa soit présent pour l’épauler ensuite. Il faudrait qu’on puisse aussi profiter de connaître notre enfant dans ses premiers jours de vie. De toute manière, lorsqu’un bébé naît et qu’on doit être au job, on a la tête ailleurs.»

Yasin Cekerek,
29 ans, aide cuisinier, de Bevaix

««Beaucoup pensent comme à l’époque.»

«Je trouve que le papa devrait pouvoir avoir un congé davantage qu’un seul jour, il peut aider tout autant que la maman. J’ai un garçon, et un deuxième en cours de route. Je ne demande pas qu’ils aient autant que nous, mais quand même, ils doivent pouvoir partager cette aventure avec nous. Malheureusement, pour beaucoup, c’est encore comme à l’époque: la femme doit s’occuper des enfants, à la maison.»

Sabrina Skouta,
28 ans, vendeuse, de Bevaix

«Un seul jour, ce n’est pas normal.»

«J’ai quatre enfants et je pense qu’avec le fonctionnement actuel, le congé est de trop peu de jours. J’ai eu la chance de pouvoir profiter un peu plus quand ils sont nés, mais de manière générale, un seul jour, ce n’est pas normal.»

David Rubeli,
26 ans, couvreur, de Bevaix

«Il faut qu’il puisse découvrir en même temps que la maman son enfant.»

«Avec mon fils c’était compliqué de rester toute seule au début quand le papa devait partir travailler. Je dirais que trois ou quatre semaines seraient idéales. Il faut que le père puisse découvrir en même temps que la maman son enfant.»

Marcia Da Silva,
25 ans, mère au foyer, de Bevaix

«Un congé? ça serait le moment!»

«C’est une très bonne chose si les pères peuvent avoir davantage qu’un seul jour. Je dirais même que ça serait le moment! On parle tout le temps d’égalité, mais pour qu’elle soit vraie, il faudrait que les hommes aussi puisse être proches de leurs petits à la naissance.»

Corinne Henry,
67 ans, retraitée de Bevaix