TEXTES: CHRISTINE SCHMIDT
CARICATURES: BEN, VINCENT L’EPEE, JEHAN KHODL, PIGR, MASCHA

L’emblématique quotidien américain «New York Times» ne publiera plus aucune caricature dans son édition internationale dès le 1er juillet. De quoi susciter de vives réactions de la part de nombreux caricaturistes, dont Patrick Chappatte, célèbre dessinateur de presse suisse qui collabore notamment pour le «New York Times» ou «Le Temps». Le dessin de presse et la liberté d’expression sont-ils menacés? Qu’en pense-t-on à Savièse (VS)?

«Nous avons une chance inouïe de vivre à Savièse.» C’est que cette grande commune, qui compte six villages et surplombe la rive droite de la vallée du Rhône, a tout pour plaire. Située à quelques minutes de route de la capitale valaisanne, Savièse peut se vanter de disposer de toutes les infrastructures nécessaires. «Nous avons tout ce dont nous avons besoin: commerces, restaurants, soins, structures d’accueil pour la petite enfance et les aînés, centre scolaire, places de jeux, et même un théâtre, “Le Baladin” qui propose un programme très varié fait notamment de vaudevilles modernes avec des comédiens venus tout droit de Paris», se vantent les Saviésans. Des locaux, très attachés à leurs traditions, mais aussi très ouverts d’esprit et cultivés.

«Un dessin de presse amène à la lecture d’un article.»

«Comme presque tous les Valaisans, je lis chaque jour «Le Nouvelliste», les quotidiens romands ainsi que, chaque semaine, des magazines plus spécialisés. Pour ce qui est de la presse quotidienne, je dois avouer que les dessins et les caricatures sont une invitation à se plonger dans la lecture de l’article auquel ils sont rattachés. Un dessin de presse m’amènera ou non à lire l’article; il attire l’œil, raison pour laquelle j’y suis attachée. J’apprécie tout particulièrement l’humour et les chroniques du Belge Philippe Geluck, le papa du Chat. Je trouverai vraiment dommage de mettre fin à cet art que sont les dessins de presse.»

Marie-Jeanne Reynard Gobelet,
61 ans, secrétaire, du village d’Ormône, Savièse

«Renoncer au dessin de presse, c’est une atteinte à la liberté d’expression.»

«J’ai adoré un des derniers dessins de presse de Patrick Chappatte représentant Donald Trump tenant en laisse un basset avec une médaille juive et la tête de Benyamin Netanyahu. Il a créé la polémique. Les dirigeants américains soutiennent pourtant depuis toujours Israël. En quelques traits, le caricaturiste met le doigt sur ce qui dérange; ça me plaît bien… À mon avis, si les médias renoncent aux dessins de presse et aux caricatures, c’est clairement une atteinte à la liberté d’expression.»

Grégoire Debons,
72 ans, enseignant retraité et musicien,
du village de Drône, Savièse

«Les dessins de presse donnent de la vie à l’actualité.»

«En ouvrant ”Le Nouvelliste” ou tout autre quotidien, je me mets d’abord à la recherche de la caricature du jour. Ce sont les dessins de presse que je regarde avant les articles, les chroniques ou les rubriques. Ils complètent bien l’information et donnent de la vie à l’actualité. J’apprécie l’humour de Casal, le caricaturiste du «Nouvelliste». Il me fait bien rire… J’admets néanmoins que, parfois, les caricaturistes vont un peu trop loin, et dépassent les limites. Un bon dessin de presse ne doit pas être irrespectueux. S’il l’est, la censure me paraît alors justifiée; ce qui ne signifie pas qu’il faille se passer de toutes les caricatures.»

Marianne Zuchuat,
71 ans, secrétaire retraitée,
du village de Granois, Savièse

«Je ne comprends pas toujours l’humour des caricaturistes.»

«À l’instar de nombreux lecteurs de la presse romande et du «Temps», j’apprécie tout particulièrement le coup de crayon du caricaturiste Patrick Chappatte. C’est un des dessinateurs de presse les plus pertinents. Ses caricatures donnent le ton et m’interpellent. Ils vont m’inciter à lire les articles dont ses dessins traitent. Pour ce qui est des autres caricaturistes, je ne comprends pas toujours leur humour, qui est parfois, à mes yeux, un peu tiré par les cheveux. Je ne suis, cependant, pas d’avis qu’il faille interdire les dessins de presse. Ce serait alors clairement tout un symbole d’une liberté attaquée.»

Noël Dubuis,
72 ans, technicien en chauffages,
du village de Drône, Savièse

«On peut rire de tout, mais pas n’importe comment.»

«Je suis une grande fan de François Maret, dessinateur de Man in Black. J’adore son style et son humour. Selon moi, un dessin de presse doit être mordant, mais toujours traité avec respect. Au dessinateur de trouver le juste milieu, car on peut rire de tout, mais pas n’importe comment. En ce qui concerne la décision du «New York Times», elle va trop loin. Elle bafoue la liberté de la presse et la liberté d’expression. En Amérique, ils font décidément du grand n’importe quoi!»

Elisabeth Debons,
68 ans, infirmière retraitée,
de Saillon mariée à un Saviésan