TEXTES ET PHOTOS: Samantha Lunder

 

Noémie Pfister est ostéopathe animalière en Suisse romande depuis deux ans. Animaux de compagnie ou de ferme, elle consulte toutes les bêtes qui en ont besoin.

Pendant la séance, elle observe la démarche et identifie les zones qui manquent de mobilité pour ensuite intervenir avec différentes manipulations.

Elle nous a emmenés dans une ferme de Begnins, où elle soigne chats, chevaux et aussi une chèvre qui a des soucis lors de ses déplacements.

 

«On sent encore un peu que l’épaule est tendue, mais c’est déjà beaucoup mieux», rassure Noémie en tenant une patte antérieure de la petite chèvre. Cette biquette montrait une boiterie à une patte avant. Agée de 8 ans et vivant dans un parc avec trois congénères, elle ne marchait plus vraiment droit. Pour éviter tout inconfort,  ses propriétaires ont fait appel à Noémie Pfister, ostéopathe animalière.

Ce matin-là, celle qui pratique depuis deux ans était en visite dans cette ferme de Begnins (VD) pour la deuxième fois. Après un premier soin, il y a quelques semaines, la thérapeute de 27 ans est revenue pour un contrôle sur cette chèvre, mais aussi sur un cheval. «Je le fais clairement pour nos animaux, pour qu’ils ne soient pas mal, et je pense que ce n’est largement pas encore assez connu, réagit Aline Cosendey, la propriétaire. Notre chèvre était vraiment embêtée, et on a tout de suite vu la différence après le premier soin.»

Pour Noémie, peu importe la taille de l’animal, elle peut intervenir autant sur un tout petit rongeur que sur des bovins. «J’ai même été appelée, une fois, pour soulager un serpent qui présentait des problèmes digestifs», se rappelle-t-elle.

Chez les Cosendey, la biquette semble, de prime abord, être e rayée par la thérapie que Noémie tente de lui prodiguer. Craintive d’être séparée de ses congénères, elle se laisse faire, mais tente à quelques reprises de retourner dans son parc. Elle se calme au fur et à mesure que l’ostéopathe la manipule. «On voyait bien que sa patte faisait un mouvement de circumduction (réd: un geste circulaire inhabituel) quand elle marchait, explique-t-elle en passant ses mains le long de sa colonne vertébrale. Cela faisait longtemps que le blocage était là, un déséquilibre s’était donc installé profondément, on a dû travailler sur tout le corps.» Une fois la séance terminée, la Vaudoise l’observe à nouveau marcher. «Cette fois on a libéré les derniers petits blocages.

«Comme chez nous, l’organisme de l’animal est constamment mis à l’épreuve.»

Noémie Pfister, ostéopathe animalière

Afin de mieux équilibrer la démarche de cette chèvre, Noémie doit masser certains points précis sur son dos. «Elle gambade déjà nettement mieux», lance-t-elle alors que la chèvre part rejoindre les autres dans son parc. Selon Noémie, son métier fait désormais partie des soins à donner aux animaux de compagnie: «De nos jours, ils font de plus en plus partie de la famille et leur bien-être est essentiel.»

Elle souligne aussi que l’ostéopathie vient en complément des autres thérapies dont un animal a besoin. «Si je ressens que le problème pour lequel on m’a appelée n’est pas de mon ressort, je conseille alors à mes clients d’aller faire un contrôle chez leur vétérinaire, dentiste animalier ou maréchal ferrant. Mon rôle est de libérer des blocages, mais certaines choses seront du ressort d’autres spécialistes.»

«Lui laisser du temps pour s’autoguérir»

Le plus souvent, ce sont des cavaliers qui lui téléphonent pour des doutes sur la locomotion de leur monture. Mais aussi de plus en plus des familles avec des chiens, chats, lapins et même des lamas. «Tout être vivant a droit à ce bien-être, ce n’est pas parce que c’est une chèvre qu’elle n’a pas le droit de se sentir confortable», complète Noémie. Aline Cosendey avait justement un doute quant au déplacement de l’un de ses jeunes chevaux, Brame, 9 ans. Il n’a su que de quelques mètres de marche à la longe pour que Noémie confirme.

Ce cheval, qui a fait récemment un petit rodéo à sa propriétaire en promenade, n’est plus totalement symétrique au niveau de son bassin. «On sent un mouvement inhabituel qui part sur la droite, cela démontre un blocage que nous devons libérer.» Elle manipule une première patte, revient sur une deuxième en effectuant des demi-cercles. Sa méthode utilise des déblocages des articulations, un travail viscéral, tissulaire ou même crânien.

Après la demi-heure de manipulations et de pressions sur son corps, Noémie voit, ici encore, nettement la différence.«Je retrouve les gestes de balancier que je cherchais, maintenant on va laisser le temps au corps de s’autoguérir et de s’harmoniser.»

«On aura tendance à être plus vite appelé pour un chien»

Laisser ces petits dérèglements musculaires risquerait de causer des lésions ou douleurs plus graves chez l’animal. D’où l’importance pour la professionnelle d’intervenir assez tôt. «C’est sûr qu’on aura tendance à être plus vite appelé pour un chien ou un cheval, que l’on a tout le temps à ses côtés, que pour un mouton qu’on ne verra que lorsqu’on le nourrit.» Aline confirme: «J’ai un chat qui fait pipi un peu partout, il est très crispé, alors j’ai voulu demander à Noémie de l’aider à se détendre. Mais c’est sûr que c’était moins logique pour moi de demander un soin pour lui, qui est très indépendant, on fait moins attention.» Noémie intervient aussi beaucoup en prévention, comme on le ferait avec un être humain. «L’organisme de l’animal est constamment mis à l’épreuve, et certains blocages peuvent se former et s’installer dans le corps, comme chez nous.»