Qu’est-ce qui vous tient à cœur en ce moment?
• J’aimerais que chacun réfléchisse à trouver du sens au métier qu’il fait. J’ai malheureusement le sentiment que nous sommes souvent trop véhiculés par l’argent: j’ai l’impression que beaucoup trop de gens pensent comme ça. Je suis indépendante dans mon activité de graphiste et je me dis parfois que nous, les indépendants, on doit être des aliens, alors qu’on se plait totalement dans ce mode de vie.

Pourquoi est-ce important pour vous de changer cet état d’esprit?
• Je vois beaucoup de personnes, malheureusement, autour de moi, qui se plaignent d’un travail qui ne leur plait pas. Ils cherchent constamment à se faire du bien en dehors de leur métier en allant se faire masser, en prenant du temps pour soi. Mais est-ce vraiment là, la solution? Ne devraient-ils pas réfléchir à changer justement de job? Ils ont un salaire stable, oui, mais ils cherchent d’autres choses pour être heureux, alors que nous passons la plupart de notre temps sur notre lieu de travail, cela serait bénéfique de se remettre en question.

Est-ce si simple?

• Je pense que c’est un phénomène social incrusté depuis très longtemps malheureusement. Je n’ai moi-même jamais été intéressée par l’argent, peut-être parce que je ne suis pas une personne matérialiste. Il y a une histoire de conformisme derrière, il faut se donner les moyens de vivre avec moins, mais pour moi cela n’est pas du tout un problème. Je vois que souvent ce sont des personnes qui en ont marre et qui en arrivent au stade du burn-out qui osent sauter le pas. C’est dommage de devoir en arriver là pour faire bouger les choses.

Quel est le moteur principal pour y arriver?
• Je pense qu’il faut avoir un minimum d’optimisme. J’ai grandi en République Dominicaine, un pays en voie de développement où on constate un paroxysme dans cette recherche du luxe: les gens veulent montrer qu’ils ont de l’argent, cela m’a dégoûtée. Je suis convaincue qu’il faut oser se lancer à un moment donné. Nous avons tellement de filets de sécurité ici, mais pour une raison qui m’échappe, on fonce beaucoup moins dans nos envies.