TEXTES: FABIEN FEISSLI
PHOTOS: JOSE FANGUEIRO

 

Depuis plus de quinze ans, les centres Laser Beauté Med proposent à leurs patients de faire disparaître leurs tatouages. Pour cela, un laser va défragmenter les pigments colorés, qui seront, ensuite, éliminés par le corps.
À cause du délai entre chaque séance, l’effacement complet, qui n’est pas sans douleur, exige beaucoup de patience et coûte, souvent, plus cher que le tatouage lui-même.
Soirée trop arrosée, couple qui se sépare, erreur de jeunesse ou motifs qui s’abîment, les raisons pour ne plus vouloir d’un tatouage sont très variées.

 

Le claquement du laser sur la peau est à peine perceptible, pourtant, Fiona Schmidt grimace. «Ça pique et ça chauffe, mais la douleur ne reste pas. C’est un peu comme les coups de linge que mon frère me donnait à la piscine l’été», décrit l’employée de commerce. Avant de s’installer sur la chaise du centre Laser Beauté Med de Sion, la trentenaire a, pourtant, eu droit à une dose de crème anesthésiante. «Mais bon, moi, je suis assez chochotte, donc si je peux le faire, c’est à la portée de tous», rigole-t-elle. À ses côtés, lunettes de protection sur les yeux, Sabine Pannatier, directrice des lieux, et la doctoresse Jennifer Landry sont en grande discussion. «On doit déterminer la bonne puissance. Quand on fait les premiers tirs, cela nous permet de voir comment la peau réagit», explique la médecin. Une fois les réglages affinés, la troisième séance de Fiona peut commencer. La Valaisanne souhaite faire effacer un tatouage en forme de losange sur son mollet droit. «Même si je l’ai fait à mes 14 ans – plus ou moins avec l’accord de mon papa – c’était quelque chose de réfléchi qui était symbolique pour moi», raconte la Valaisanne. Elle assure d’ailleurs qu’elle ne regrette en rien son choix. «Je n’en ai pas honte, mais, avec le temps, les traits se sont épaissis et il est moins joli qu’avant. C’est une époque de ma vie qui est passée.»
Tandis que la jeune femme se confie, Sabine est à 100% concentrée sur son mollet. «Il faut passer sur chaque millimètre de la zone. Le laser va défragmenter les pigments colorés, puis les globules blancs vont les prendre pour un corps étranger et les éliminer», détaille la quadragénaire. C’est pour leur laisser le temps de faire leur travail qu’un délai d’attente de 6 à 8 semaines est nécessaire entre chaque séance. «À chaque fois, droit après, je me dis qu’on ne voit pas la différence, mais après je me rends compte que les couleurs s’éclaircissent. Bon, il y a encore du travail parce que je ne veux plus rien sur la peau», assure Fiona. Un résultat atteignable dans la plupart des cas, mais pas toujours, comme le précise Sabine: «Il y a des couleurs qui ne partent pas, comme le jaune, le blanc ou le vert. Le problème, c’est qu’on ne connaît pas les mélanges utilisés par les tatoueurs. En décapant la peau, on peut aller plus profondément, mais c’est très compliqué.»

Plus cher de l’enlever que de le faire

Au total, le processus d’effacement peut prendre une année, ou même plus. Un délai dont les patients n’ont pas forcément conscience, selon la directrice du centre. «Je ne pensais pas que ce serait aussi long, mais cela ne me dérange pas. Cela a été un vrai processus de le faire, donc c’est bien que ce soit la même chose pour l’enlever», observe Fiona. Autre élément à prendre en compte, le budget. Selon la complexité et la taille du motif à retirer, une séance peut coûter jusqu’à 215 francs, et il faut parfois en compter plus d’une dizaine. «C’est clair que cela va me coûter plus cher que de le faire. Mais on a de la chance de pouvoir profiter de cette technologie, il y a cinquante ans on ne pouvait pas l’enlever», sourit Fiona.

«Le laser va défragmenter les pigments colorés, puis les globules blancs vont les prendre pour un corps étranger et les éliminer.»

Sabine Pannatier, directrice des centres laser beauté med

Malgré tout, Sabine tient à rappeler qu’un tatouage ne doit pas être pris à la légère. «Bien sûr qu’on existe et qu’on en efface tous les jours, mais il faut sensibiliser les gens au fait qu’il faut réfléchir avant de passer à l’action.» Car la spécialiste a vu passer toutes sortes de situations. «Des couples qui se séparent, des dessins ratés, des délires de soirée. Cela peut également être des motifs professionnels, par exemple des personnes qui veulent entrer dans la police ou la banque.» Fiona se rappelle notamment avoir dû porter des pantalons pour cacher son mollet lorsqu’elle travaillait dans le secteur hôtelier. Si Sabine ne constate pas de hausse de la demande dans ses centres ces dernières années, elle observe, toutefois, que de plus en plus de mineurs font appel à ses services. «À chaque fois, c’est une histoire humaine différente et on est là pour les rassurer. Si quelqu’un fait une bêtise, plus vite il vient nous voir, mieux c’est», pointe la Valaisanne.
Dans tous les cas, la spécialiste souligne quelques règles de base: «Il faut bien se renseigner avant, demander des devis et avoir conscience que cela prend du temps.» Fiona abonde: «Je conseille vraiment d’aller chez des professionnels, cela rassure d’avoir un regard médical. C’est quelque chose que l’on inflige à son corps, donc c’est comme quand on se fait tatouer, cela demande de la réflexion.»