TEXTES ET PHOTOS:
SAMANTHA LUNDER

 

Le 9 février, les Suisses décideront s’ils souhaitent renforcer la norme antiraciste et l’étendre à la protection contre la discrimination en raison de l’orientation sexuelle. Mais, en 2020, ne serait-il pas temps d’aller plus loin en permettant aux couples gays et lesbiens d’adopter des enfants? Nous sommes allés interroger les Plan-les-Ouatiens.

Tous les lundis et jeudis, la place au centre de Plan-les-Ouates s’anime: même en cette période hivernale. Les marchands ne manquent pas une occasion de venir proposer leurs produits pour midi. Poulets rôtis et plats à emporter, les habitants y achètent leur encas pendant leur pause. Ils nous vantent le fait que, malgré une population grandissante, tout le monde se connaît ici. Le coin est décrit comme tranquille et idéal pour les familles avec de jeunes enfants.

«Comment savoir quand il est légitime de donner la priorité à un couple homosexuel?»

«Je suis d’accord sur le principe. Pour l’enfant, mieux vaut qu’il soit élevé par deux personnes qui s’aiment et qui l’aiment, plutôt qu’il passe son enfance dans un foyer. Toutefois, l’enjeu est plus complexe qu’un simple oui ou non à la question, car il s’agit d’un important changement sociétal. L’adoption, en soi, demande, aujourd’hui, une procédure longue et complexe pour les couples hétérosexuels et les célibataires. Dans ce cas, comment savoir quand il est légitime ou pas de donner la priorité à un couple homosexuel pour l’adoption d’un enfant, et les critères pour accepter l’adoption sont-ils les mêmes?»

Fabio Khoury,
27 ans, urbaniste, de Plan-les-Ouates

«On est tous des humains.»

«Je peux comprendre que l’opinion de certaines personnes n’ait pas encore évolué sur le sujet, mais j’aimerais qu’ils réalisent que l’on est tous des humains. On a tous les mêmes besoins d’amour et de famille, la sexualité n’entre pas là-dedans.»

Marion Stadelmann,
25 ans, enseignante, d’Onex (GE)

«On a ce cliché papa-maman !»

«Pour moi ce serait totalement normal qu’ils puissent adopter. Moi-même, avant de trouver ma femme, je savais que je voudrais un enfant un jour. Pourquoi pas? Il y a malheureusement encore beaucoup de jugements, en 2020, qui ne devraient plus exister. Ma femme a eu une petite fille dans sa garderie qui lui a dit: « Ça, c’est mes deux papas. » J’ai trouvé ça super. D’autres disent non simplement parce qu’on a ce cliché papa-maman.»

Diego Andrade Vinueza,
26 ans, aide-soignant, de Plan-les-Ouates

«Ce qui me dérange davantage, c’est l’insémination artificielle»

«Un enfant a besoin d’amour et c’est tout. L’adoption devrait être permise, toutefois ce qui me dérange davantage, c’est l’insémination artificielle. Je trouve qu’il y a assez d’enfants dans ce monde qui cherchent une famille.»

Jeannette Hirzel,
69 ans, retraitée, de Plan-les-Ouates

«Ils devraient avoir les mêmes droits que les hétéros»

«Ils devraient avoir exactement les mêmes droits que les hétéros. Je ne trouverais même pas normal de devoir soumettre cela au vote. Cela devrait être implicite.»

Loïc Branquaz,
27 ans, apprenti dans le bâtiment, de Plan-les-Ouates