«Il y a une industrialisation de nos relations»

Hélène Dupraz Sancho, étudiante en sciences historiques et musicienne

Qu’est-ce qui vous tient à cœur en ce moment?
• Je constate que beaucoup de jeunes se questionnent sur les relations sociales. Il y a une certaine déshumanisation due à l’utilisation des réseaux sociaux. Plusieurs personnes se sentent seules alors qu’elles sont entourées par des moyens de communication. On se rend compte que ces nouvelles technologies desservent le contact entre les gens, car on ne fait que cumuler les relations au lieu de nourrir certaines vraies amitiés.

En quoi ces comportements sont-ils gênants selon vous?
• J’ai l’impression qu’il y a une industrialisation de ces relations: on a le sentiment qu’on a ce besoin constant d’être entouré, alors qu’on se sentirait vachement moins seul si on donnait plus de temps à un moins grand nombre de personnes. Plus de qualité, moins de quantité. Par exemple, au lieu de prendre cinq rendez-vous dans la même journée et de passer une petite heure avec chacun, pourquoi ne pas se fixer une seule rencontre, ou deux?

Comment expliquez-vous ce besoin d’accumulation?
• Dans notre société, je me rends compte qu’il y a un culte du «faire», on doit être productif, tout faire rapidement, que cela soit dans nos métiers ou dans notre rapport aux autres. Mais on ne peut pas être satisfait de quelque chose de «vite fait», on ne laisse aucune place au long terme et à la profondeur.

Quelle seraient les solutions pour s’extraire de ce que vous décrivez?
• J’apprécie ce que dit l’astrophysicien Aurélien Barrau à ce sujet: il pense qu’il faudrait valoriser autrement les choses qui nous entourent, dans le calme, la plénitude. Pour redéfinir la richesse de soi et reconnaître les maux. Je pense que cela devrait être un changement culturel, pour que l’on reconsidère ce qui a de la valeur. Mais c’est un processus social complexe.