TEXTES: SAMANTHA LUNDER
PHOTOS: MURIEL ANTILLE

Dans leur maison de Chavornay, les Girard nourrissent une passion transmise à travers les générations: ils possèdent une bonne centaine de pigeons.
Toujours le plumage bien soigné, leurs oiseaux, des espèces suisses aux caractéristiques colorées, ont d’ailleurs remporté de nombreux prix lors de compétitions.
Ceux qu’ils élèvent ne ressemblent en rien aux pigeons tout gris que l’on croise dans les rues. Et c’est justement ces particularités qui ont séduit la famille.

Chez les Girard, à Chavornay, il est difficile de repartir sans croiser un animal de compagnie. Un chien dans le salon, une bonne quarantaine de lapins dans des clapiers à l’extérieur et 30 poules qui gambadent librement dans les champs autour de la maison. Jusqu’ici, le paysage habituel d’une ferme comme une autre. Mais c’était compter sans deux grandes volières au fond du jardin. En s’approchant de plus près, battements d’ailes et roucoulements attisent la curiosité: à l’intérieur, des dizaines de pigeons. Non, ici, pas de plumes dégarnies, tachées par la saleté urbaine ou de corps maigrichons. Ces oiseaux sont parfaitement soignés. «Les gens nous disent souvent: «Ah bon, ce sont des pigeons? On ne dirait pas!» raconte Patricia Girard, la mère de famille. «Ce sont des races suisses, de celles qu’on ne va pas trouver sur les trottoirs en pleine ville.»
Plumes brillantes et bec poli, c’est qu’ils doivent constamment être les stars du moment, ces pigeons. Car ces bêtes colorées, teintées de brun clair et avec parfois le contour des yeux orangé, participent, chaque année, à plusieurs expositions.

Elle précise que, très souvent, le public n’est pas conscient du nombre de races différentes qui existent dans le monde: rien qu’en Suisse il y a 26 espèces de pigeons d’origine suisse, «et il y a même des pigeons de gabarits différents», sourit-elle. Dans la volière, Patricia saisit avec soin l’un d’entre eux. «C’est sûr qu’on ne tisse pas un lien comme avec un chat, mais je trouve déstressant de venir les caresser, de leur causer, et c’est un animal que j’aime soigner.»

Des critères de beauté stricts

À en croire les plaquettes accrochées sur les volières, la famille rentre rarement les mains vides. Sans compter l’armoire vitrée qui trône dans le salon, entièrement remplie de prix. Fanions, médailles et petites sculptures en forme de pigeon, les Girard sont fiers de sortir leurs récompenses. «Même un pigeon de ville peut être beau, dans un autre contexte, affirme Michel-André. Il y a tout un standard d’éléments à respecter pour que l’animal soit primé, c’est tout ce travail pour les garder en santé qu’on apprécie. En plus, ils nous reconnaissent quand on vient les voir!»
Une plume de travers ou manquante, et ce sont des points en moins. «Il y a des critères particuliers, comme le fait que le pigeon doit posséder exactement douze plumes rectrices sur la queue, des barres alignées sur celles-ci et avoir une huppe bien sur sa tête», ajoute Ophélie.
Au cœur des volières, le trio manipule donc les pigeons avec précaution. «Là, il lui manque justement une plume, fait remarquer la trentenaire en écartant l’aile d’un de ses protégés. Ce n’est pas grave, elle repoussera.» Sur sa droite, un tout jeune oiseau, encore totalement dégarni, est dans son nid. «Celui-ci n’a que quelques jours, il n’est pas encore très beau, mais il deviendra bientôt comme les autres, termine-t-elle. C’est aussi de voir cette évolution qui nous passionne, et de faire découvrir ces pigeons méconnus aux autres!»