TEXTES ET PHOTOS:
SAMANTHA LUNDER

Chantal Rochat exerce depuis de longues années auprès de nouveaux-nés, bébés, enfants et adolescents pour soulager leurs bobos par une médecine alternative.
Elle-même peine parfois à expliquer cette connexion qui se crée entre elle et ses petits patients: entre manipulations légères, énergies, soins avec de la lumière et discussions, elle arrive à dénouer toutes sortes de situations autant physiques qu’émotionnelles.
Lors de notre rencontre, elle a reçu un petit de quelques jours seulement, souffrant de coliques. Très tendu en arrivant, son visage était totalement apaisé à la fin de la thérapie.

Une jeune maman entre dans la pièce, son nouveau-né bien installé dans un cosy. ngelo, est né il y a à peine quinze jours. Un petit en pleine forme, mais qui est bien embêté par de fortes coliques. À peine sorti de son cocon que les premiers cris se font entendre. «Oh oui c’est dur cette entrée dans la vie, c’était plus sympa dans le ventre de maman», lui souffle Chantal Rochat en le couchant sur le dos sur le fauteuil. La thérapeute commence tout en douceur en parlant avec le nouveau-né. Elle invite sa mère à se rapprocher pour le rassurer. Chantal lui masse un pied, puis l’autre. Sa voix est douce, basse, et la pièce n’est que faiblement éclairée par les rayons du soleil qui traversent les stores, pour que le petit ne se sente pas trop perdu. Dès que ses mains passent sur son ventre, les hurlements repartent de plus belle. Chantal l’encourage: «C’est très bien bébé, je vais t’aider dans toutes ces douleurs, après tu seras mieux», lui explique-t-elle en le regardant avec un large sourire apaisant. Dès les premières minutes de manipulation, le visage d’ ngelo commence à se détendre, tout comme sa maman, qui lui donne des petites caresses sur le front.

Chantal est thérapeute spécialisée dans l’accompagnement de bébés et d’enfants. La Fribourgeoise, elle-même mère et récemment devenue aussi grand-mère, a toujours voulu donner de son temps pour aider les familles qui s’agrandissent. Elle soigne principalement par le massage sur nouveaux-nés, la parole, et utilise aussi la chromothérapie, une cure à base de signaux lumineux colorés qui agissent directement sur les organes internes. «Je ne suis pas une psychologue, mais mon but est d’offrir un espace d’écoute, pour ressentir les douleurs de l’enfant ou également parfois du parent, et leur apporter un bien-être pour qu’ils repartent plus sereins», raconte-t-elle.

«Ces petits ont énormément besoin de confiance lorsqu’ils naissent et ils comprennent tout de suite ce qu’on leur dit, peu importe leur âge..»

Chantal Rochat, Théapeute

«C’est le bonheur mon travail»

À 58 ans, celle qui tient son cabinet à Riaz, dans le canton de Fribourg, enchaîne les rendez-vous. Très demandée, beaucoup de sages-femmes, médecins ou parents la recommandent. Elle a commencé à 6h ce matin-là, comme tous les autres jours: «J’avoue que j’ai de la peine à refuser une maman en détresse qui me téléphone pour un problème avec son tout petit. Je trouve tellement magique ce métier de maman, il faudrait juste qu’un seul mot résonne dans le cœur de ces nouveaux parents «bonheur». Chantal apprécie particulièrement cette confiance que les parents lui donnent. «C’est ce bonheur mon travail, je finis rarement avant 18h mais c’est égal, quand je vois l’énorme besoin qu’il y a pour ce type de thérapie, je le fais toujours avec beaucoup de plaisir et d’amour», sourit-elle.

Car c’est sa méthode qui séduit particulièrement: la thérapeute parle beaucoup aux tous petits. On lui les amène pour des douleurs au ventre, quand le sommeil est perturbé, quand les dents poussent ou pour tout autre type d’inconfort que les parents peinent parfois à expliquer ou à soigner avec une médecine traditionnelle. Et dès les premières minutes d’entretien, une communication étonnante se crée avec le bébé. «C’est assez impressionnant, jusque-là ngelo n’était calme qu’en dormant, mais on voit bien qu’il arrête de pleurer dès qu’il l’entend, je ne saurais pas l’expliquer mais quelque chose s’est passé», réagit Marta Cruz, 25 ans, venue de Romont pour consulter. Chantal confirme justement que la parole est le point central de son activité: «Ces petits ont énormément besoin de confiance lorsqu’ils naissent et ils comprennent tout de suite ce qu’on leur dit, peu importe leur âge.» Elle insiste d’ailleurs auprès des parents sur l’importance de communiquer avec son enfant: «On demande toujours à la maman comment s’est passé l’accouchement, mais jamais au bébé, sourit-elle. Pourtant, c’est dur pour lui aussi cette entrée dans la vie.»

«Les douleurs devraient s’estomper»

Avec ngelo, Chantal passe une heure à dénouer son ventre tout tendu. «Regardez, ses petits poings se relâchent», montre-t-elle à la maman en changeant du bleu au rouge la lumière qu’elle passe sous les pieds du bébé. En terminant le soin, elle lui confie son ressenti, pour qu’elle reparte à la maison avec des conseils pour agir en cas d’une nouvelle crise. «Normalement, le petit peut être plus fatigué que d’habitude après la thérapie, et ensuite les douleurs devraient s’estomper, même disparaître», explique-t-elle. Chantal voit les familles une voire deux fois, mais jamais beaucoup plus, sauf en cas de problème comportemental: «On a devant nous une personne, un bébé qui pleure, rigole, découvre la vie, il a besoin lui aussi de parler, il faut l’écouter et lui laisser le temps de prendre confiance pour aller mieux.» Elle dit toujours aux mamans d’écouter «cette petite voix dans leur coeur», qui les guidera sur le bon chemin: «Si l’on se trompe ce n’est pas grave nous faisons de notre mieux. Parents est le plus beau métier mais certainement le plus difficile.»