Qu’est-ce qui vous tient à cœur en ce moment?
• J’ai l’impression que l’on demande toujours plus aux gens d’avoir un avis sur tout, même quand ils ne maîtrisent pas le sujet. Et je constate malheureusement que c’est rarement un avis réfléchi, ce qui crée un côté très manichéen: on force les gens à prendre parti, sans leur permettre de nuancer. On doit dire oui ou non, c’est flagrant notamment en politique.

Pourquoi est-ce un problème selon vous?
• Sans nuance sur un sujet, on crée des camps, et cela ne permet pas de résoudre des problèmes parce qu’on n’accepte pas le point de vue de l’autre. J’ai toujours aimé débattre, car je trouve que cela apprend comment argumenter, mais, si on ne le fait plus et qu’on dit être pour ou contre, sans raison derrière, on perd cette richesse dans l’échange.

Vous trouvez que nous donnons mal notre avis?
• Je trouve que nous basons nos décisions un peu trop sur l’émotionnel, plutôt que de regarder ce que chacun a vraiment à dire et de décider sur la base d’un argument fondé. On peut être d’accord ou non, le désaccord n’est pas quelque chose de malsain, au contraire, c’est fondamental. Mais on doit pouvoir approfondir et justifier nos avis. Je peux prendre l’exemple de certaines votations UDC: il y a des personnes qui sont, dès le départ, contre, en partant du principe que tout ce qui est UDC est mauvais. Il faudrait pouvoir se donner la liberté de se dire qu’on peut avoir un avis différent, en fonction du sujet abordé, en se penchant sur les arguments présentés.

Vous pensez que nous ne sommes pas capables de faire cela?
• En effet, je crois que nous sommes incapables de penser ainsi, car nous sommes conditionnés à rester dans une seule idéologie dès notre plus jeune âge. Une solution serait, selon moi, que les médias ou d’autres communicants transmettent des informations plus nuancées, sans vouloir affirmer une seule et unique vérité.