TEXTES: SAMANTHA LUNDER
PHOTOS: SEBASTIEN MORY

Une fois à l’intérieur du planétarium de Frédéric Graf, les enfants s’envolent au fin fond de la galaxie. Ils plongent leur tête dans les étoiles, pour tout savoir de l’astronomie.
Ce grand dôme gonflable, il l’installe dans des écoles vaudoises pour transmettre bénévolement sa passion aux jeunes.
Avec un beamer pour projeter des images animées sur toutes les parois, cet informaticien de formation aborde des dizaines de sujets, allant des planètes aux trous noirs.Mais aussi en passant par des questions environnementales.

 

Autour du planétarium, l’impatience est palpable. Frédéric Graf doit calmer la vingtaine d’enfants, tous visiblement pressés de s’y plonger. «Enlevez vos chaussures et entrez doucement, vous pouvez vous asseoir, même vous coucher, mais veillez à ne pas vous endormir!» lance-t-il en guise d’introduction. Les petits s’y précipitent, les uns derrière les autres, et leurs exclamations ne tardent pas à se faire entendre. «Oh wow, c’est énorme», lancent plusieurs d’entre eux une fois sous la voûte céleste. Frédéric Graf les rejoint dans la sphère gonflable, installée ce matin-là dans le hall de l’école primaire de Granges-près-Marnand (VD). Pendant une semaine, il va y accueillir les écoliers, pour les transporter dans l’univers.
En plein jour, puis au beau milieu de la nuit, cette installation a été spécialement conçue pour les emmener dans le ciel grâce à un beamer projetant des images sur le dôme. Pour leur parler des planètes, des étoiles et de toute l’immensité qui se cache au-dessus de nos têtes. «C’est comme un grand écran de cinéma qui va vous permettre de voyager dans l’espace», explique Frédéric Graf aux enfants, qui ont tous les yeux rivés sur lui. La présentation n’a pas encore commencé qu’ils paraissent déjà émerveillés. Ils pointent du doigt les étoiles et lèvent immédiatement la main pour poser des dizaines de questions.

«C’est cette magie dans leurs regards que j’adore»

Une tablette dans les mains, Frédéric Graf commence son histoire. Les premières constellations apparaissent. Elles défilent en rond tout autour des écoliers. «Vous voyez ces animaux? Vous pouvez trouver votre signe astrologique», leur explique-t-il. «Je vois le Lion», «Et moi je vois le Verseau», hurlent deux garçons en se levant pour les observer de plus près. «C’est cette magie que je ressens dans leurs regards que j’adore», nous confiera plus tard le passionné d’astronomie. Depuis son enfance, le Vaudois a tout appris en autodidacte. Il fait ces présentations bénévolement, depuis 2011, sur son temps libre et ses jours de vacances. Il travaille comme informaticien à 100%, «mais c’est un tel plaisir pour moi de leur faire partager ces connaissances que je le fais dès que possible.»
Les étoiles l’ont piqué quand il a visité pour la première fois le Musée suisse des transports, où il découvre le grand planétarium qui y est installé. «Je devais avoir 15 ans, j’ai trouvé tellement fabuleux cette sensation de pouvoir être dans l’espace, confie-t-il. Des années plus tard, j’ai cherché comment transmettre tout ce que j’avais moi-même appris.» Il achète ce dôme gonflable à l’étranger et crée une collaboration avec un centre d’astronomie français pour acquérir les différents logiciels qui gravitent à l’intérieur. «C’est un show qui vise à les intriguer, à soulever des questions sur nos origines, pour que chacun se fasse ensuite son propre point de vue sur ce qui se passe au-dessus de nous.» Il s’est inspiré, notamment, des présentations qui sont créées en France, où un programme d’astronomie est obligatoire pour les écoliers. «Là-bas, il en existe une bonne vingtaine de ces planétariums, vu que c’est intégré au cursus.»

«C’est comme un grand écran de cinéma qui va vous permettre de voyager dans l’espace.»

Frédéric Graf, informaticien et passionné d’astronomie

«Les rayons sont dangereux, cela peut brûler vos yeux»

Sa présentation suit un fil rouge, mais se construit aussi en fonction des questions des enfants qu’il a devant lui. Le groupe qui l’accompagne sous sa coupole, par exemple, veut absolument tout connaître des trous noirs, ce que Frédéric Graf abordera à la fin des deux périodes passées ensemble. Il les interroge sur le nombre de planètes, leurs compositions et le temps qu’elles mettent pour faire le tour du Soleil.
«Et la Lune, elle est où?», «Monsieur, les étoiles, ce sont de futurs soleils?» s’interroge un autre garçon. «Le Soleil est une étoile, lui explique alors Frédéric en affichant une immense boule de feu orange. Elle illumine tout l’écran. Un exemple qui lui sert ensuite à comparer la taille des différentes planètes, en les affichant les unes après les autres, sous les commentaires ébahis des enfants. Le Vaudois en profite pour les sensibiliser au fait qu’ils ne doivent jamais regarder le Soleil, «les rayons sont extrêmement dangereux, cela peut brûler vos yeux».
Finalement, cette plongée dans l’espace de une heure et demie est aussi une manière de sensibiliser les jeunes à l’importance de préserver notre planète. Frédéric leur glisse quelques mots sur le réchauffement climatique: «Ne soyez pas fâchés si, dans les prochaines années, on nous demande de faire des efforts, en diminuant les voyages par exemple, ou en achetant un vélo au lieu d’un scooter.» Des recommandations auxquelles certains semblent avoir des solutions toutes trouvées. Comme cette jeune fille qui l’interpelle: «Mais alors pourquoi on ne crée pas des voitures solaires?» Les astronautes en herbe resteraient bien la tête dans les étoiles, mais ils doivent reprendre leurs cours. Ils laissent leur place à une nouvelle classe, qui viendra le lendemain faire ce voyage.