TEXTES ET PHOTOS:
SAMANTHA LUNDER

 

Marlène Galletti a toujours vécu proche de la nature. Plus particulièrement avec les plantes, qu’elle utilise dans son quotidien pour elle ou ses clients.
Balades aromatiques, soins olfactifs par les huiles essentielles et remèdes dits de «grand-mère», l’herboriste soigne par ce lien avec la montagne.
Elle se nourrit aussi de nombreux voyages à travers le monde, pour découvrir différentes cultures et partager son savoir avec les locaux.

Dans sa maison perchée sur le flanc de la montagne, à Ayent (VS), Marlène tourne entre ses mains un bocal rempli d’une pâte jaunâtre. À l’aide d’un chiffon, pour ne pas se brûler, elle le repose dans la casserole. «Là, je chauffe du calendula pour en faire une pommade. Cela a des vertus sur beaucoup de choses, comme pour apaiser les douleurs cutanées.» Le poêle continue de chauffer la mixture, alors que l’herboriste se saisit de deux autres tout petits pots. «Ici, je fais des expériences avec des types d’abricots secs différents, plongés dans de l’abricotine. Je les utiliserai pour faire un dessert local.» Moins convaincue par la couleur, plus artificielle de ceux orangés, elle décide de les laisser encore un certain temps mariner. «Je teste ainsi leur qualité et les transformerai une fois qu’ils seront mous.»
La Valaisanne Marlène Galletti en a des dizaines de ces petites «expériences», comme elle les appelle, aux quatre coins de sa cuisine, mais aussi partout ailleurs dans son logement. Passionnée depuis toujours par les plantes et la nature, elle parcourt quotidiennement les montagnes autour de chez elle à la recherche de nouvelles recettes culinaires ou médicinales. À 58 ans, elle met, aujourd’hui, ses connaissances au service des autres: elle soigne par le biais de l’olfactothérapie et du chamanisme. «J’ai toujours eu ce lien avec la guérison. Quand j’étais petite, nous n’avions pas de voiture, nous n’allions donc pas chez le médecin, se souvient-elle. Il fallait alors se débrouiller autrement, et on le faisait avec les plantes justement.» Habituée à tout faire passer par les sens, Marlène les sollicite au quotidien. «Je ne regarde jamais les dates de péremption sur les aliments, j’ouvre, je sens, et je sais si c’est bon ou non!»

«J’ai envie de les aider à enlever tout ce poids»

Un contact avec la nature qu’elle a nourri à travers sa première formation alors qu’elle était encore une jeune adulte. Elle a passé dix ans à l’alpage, en Valais, comme bergère et fromagère. «J’étais heureuse, on avait 240 bêtes, je me sentais vraiment bien avec ces animaux, sans toutes ces choses que l’on doit constamment justifier quand on est en contact avec l’humain.» Ses réflexions autour de l’aromathérapie commencent en autodidacte, puis elle suivra des cours d’herboriste en France, à Lyon. «Cela fait 20 ans maintenant que nous proposons avec Rose, une amie et collègue, notre concept de balades aromatiques. Il s’agit de se promener avec les gens pour leur expliquer les vertus de ce que l’on trouve en pleine nature», poursuit-elle. Marlène souhaite ainsi aider les personnes à se sentir mieux, en leur offrant une médecine alternative. «On entend tellement d’horreurs, on comprend que les gens n’en puissent plus, j’ai envie de les aider à enlever tout ce poids.» Elle travaille avec les huiles essentielles pour décharger les émotions grâce aux odeurs, chez elle ou dans le cabinet au sein duquel elle vient de s’installer à Sion. «C’est une manière d’intervenir au niveau psychosomatique, pour enlever certains blocages grâce à l’odorat», précise-t-elle.

«C’est imortant pour moi de faire passer des messages sur le respect de la vie.»

Marlène Galletti, herboriste

Des voyages pour renforcer ce lien

Ces senteurs ne sont jamais bien loin dans son quotidien. Dans chaque pièce de sa maison, de l’encens se dégage. Sur les murs et le sol, une autre facette de son personnage ressort aussi par la décoration: des tapis péruviens, des cornes ou tableaux accrochés sur toutes les parois. Marlène s’imprègne, chaque année, de nouvelles connaissances et ramène ces souvenirs pour continuer à voyager, chaque jour. Elle s’est aussi formée comme accompagnatrice en montagne. Ce qui lui a permis notamment de guider des treks au Népal. «C’est important, pour moi, de faire passer des messages sur le respect de la vie, que chacun soit conscient de ce qu’il mange, qu’on se rende compte à quel point la nature est une ressource.»
Mais pas question, pour elle, de recevoir sans donner en retour. En 2009, elle est partie au Kirghizistan. «On m’a demandé de m’y rendre pour transmettre aux femmes mon savoir autour du fromage, car là-bas les Kirghizes n’ont pas ce type de connaissances», témoigne-t-elle en donnant une tape amicale à son chien, Juku, ramené de ce pays alors qu’il était un chiot abandonné. Son rêve serait maintenant d’y retourner pour élaborer un tout autre projet lié aux plantes. «J’aimerais les former à la botanique et à la fabrication de remèdes pour leur permettre de soigner les bobos du quotidien avec les bienfaits des plantes, sourit Marlène. Là-bas, les médecins font trop souvent de mauvais diagnostics et ne prennent pas toujours les soins au sérieux, malheureusement par manque de temps.» Elle compte trouver un moyen de réunir les fonds qui lui permettraient de mener à bien son projet.
D’ici là, ce sont les marchés de Noël qui l’occuperont. Dans son salon, elle ouvre une grande couverture blanche. À l’intérieur, du fenouil séché. «J’ai encore du travail pour le préparer. Il servira à créer des produits que je vendrai cette fin d’année», termine-t-elle en prenant soin de détacher chaque graine de leur tige.