TEXTES: FABIEN FEISSLI
PHOTOS: SEDRIK NEMETH
ILLUSTRATIONS: ANAIS LOU

 

Hypnothérapeute à Sion, depuis quatre ans, Stéphanie Vionnet accueille des patients avec des demandes très variées: arrêter de fumer, perdre du poids, retrouver de la confiance en soi ou mettre fin à une phobie.
Pour les aider, celle qui a une formation de psychologue les plonge dans un état d’hypnose qui lui permet de travailler directement avec leur inconscient afin de régler le problème en profondeur.
Si la trentenaire regrette que les spectacles donnent encore une fausse image de sa profession, elle assure que le grand public s’intéresse de plus en plus à sa pratique.

Depuis quatre ans, Mélinda* a peur des chiens. La faute à une mauvaise rencontre à la sortie d’une boulangerie quand la fillette n’avait que 3 ans. «À chaque fois qu’elle en croise un, c’est la panique, elle cherche à se cacher. Au début, on a essayé de relativiser, d’en parler avec elle, mais là, cela commence à devenir vraiment problématique», explique Marc*, son papa. Aujourd’hui, le père et sa fille ont donc rendez-vous avec Stéphanie Vionnet, hypnothérapeute à Sion. Une fois ses patients du matin installés dans son cabinet, la Valaisanne les interroge sur l’origine de cette peur: «Qu’est-ce que tu as pensé quand le chien t’a sauté dessus?» «Qu’ils sont méchants», lâche la petite fille sans hésiter. Stéphanie hoche la tête, compréhensive. Après avoir longuement discuté de la phobie, mais aussi de la situation familiale et notamment de la séparation des parents, la thérapeute demande à Mélinda si elle est d’accord que son papa patiente dans la salle d’attente durant la séance d’hypnose.
«Je suis quelqu’un de très rationnel, de terre à terre, mais je trouve qu’il est important de s’ouvrir à d’autres alternatives médicales. J’ai des amis pour qui cela a marché pour arrêter de fumer», confie Marc, une fois sorti de la pièce. Pour l’ingénieur comme pour sa fille, c’est une première. «Je ne sais pas si cela va supprimer entièrement son appréhension, mais, dans tous les cas, je suis sûr que ce sera bénéfique», pointe-t-il. Une bonne demi-heure plus tard, la thérapeute vient chercher le papa dans la salle d’attente. «On a joué avec des cartes, j’ai dû raconter une histoire. J’étais très détendue, j’ai déjà moins peur», affirme Mélinda en souriant. Un prochain rendez-vous est agendé quelques semaines plus tard afin de vérifier les progrès de la fillette.
«J’espère pouvoir la guérir complètement. J’ai déjà eu une petite patiente avec un cas similaire. En trois séances, elle n’avait plus peur», explique Stéphanie Vionnet. Depuis quatre ans qu’elle a ouvert son cabinet Instant d’Éveil à Sion, elle a rencontré toutes sortes de situations chez les enfants comme chez les adultes. «Le plus connu, ce sont ceux qui veulent arrêter de fumer. Il y a aussi ceux qui ont une phobie, un manque de confiance en eux ou qui souhaitent réduire leur poids», détaille celle qui est également diplômée en psychologie. Afin de leur venir en aide, Stéphanie utilise donc l’hypnose. «Cela plonge la personne dans un état proche de celui que vous connaissez quand vous êtes en train de vous endormir. Vous vous détachez de votre environnement pour vous connecter à l’intérieur», illustre-t-elle.

Avec les enfants, c’est plus facile, ils se posent moins de questions et embarquent tout de suite.

Stéphanie Vionnet hypnothérapeute

«L’imagination, on l’a tous»

Pour guider ses patients, la trentenaire utilise uniquement sa voix en leur faisant repenser à des moments précis, comme une balade en forêt par exemple. «Il y a des formulations particulières que l’on apprend durant les formations qui créent ce contact avec l’inconscient. Une fois que la personne est dans un grand état de détente, on peut essayer de régler les choses en profondeur en lui donnant les ressources dont elle a besoin.» Dans le cas de Mélinda, la thérapeute a raconté une histoire à la fillette. «Avec les enfants, c’est plus facile, ils se posent moins de questions et embarquent tout de suite. Pour elle, je lui ai parlé d’un sac à dos rempli de soucis qu’elle devait déposer. En échange, elle recevait des cadeaux comme la confiance, le courage, la force ou l’apaisement», précise la trentenaire.
Si la façon de procéder varie d’un patient à l’autre, la démarche est identique avec les adultes. Même si, pour ceux-ci, la thérapeute commence parfois par des exercices de respiration afin de les aider à se détendre. «Mais, une fois sous hypnose, l’imagination, on l’a tous. Pour l’inconscient, c’est comme si cela se produisait vraiment, c’est à ce moment-là que la transformation a lieu.» La Valaisanne explique qu’elle utilise également très souvent ses outils en psychologie pour faire des liens avec l’environnement de la personne. «Le symptôme est toujours là pour quelque chose, mais c’est juste la pointe de l’iceberg. Dans le cas de Mélinda, je pense que le fait que les parents se soient séparés s’est cristallisé autour de la peur des chiens. En plus, cela coïncide au niveau timing.»
Stéphanie reconnaît, toutefois, ne pas pouvoir totalement déchiffrer ce qu’il se passe chez ses patients. «C’est vrai qu’il reste une part d’inexplicable. Mais, la personne, est-ce qu’elle se sent mieux ou pas? À mes yeux, c’est la meilleure preuve.» D’ailleurs, elle observe que tant le monde médical que le grand public s’intéressent de plus en plus à la pratique. «Il y a encore des appréhensions, notamment liées à l’hypnose de spectacle et à la peur de la perte de contrôle. Mais avant on venait nous trouver en dernier recours après avoir tout essayé. Aujourd’hui les gens sont plus ouverts.»