TEXTES: SAMANTHA LUNDER
PHOTOS: DANIEL HAURI

Dans cette grande maison de Grandvaux, les habitants vivent un peu différemment de leurs voisins: chacun a sa chambre ou son appartement privatif, mais tous partagent des lieux communs.
La Smala, c’est un écovillage, en Lavaux, où chacun met la main à la pâte et privilégie un quotidien en communauté basé sur des réflexions écologiques.
La vingtaine d’habitants viennent des quatre coins du monde. Tous ont un rôle particulier pour faire fonctionner les lieux. Nous avons rencontré cinq d’entre eux.

Lorsqu’on se déplace dans les couloirs, les lumières s’allument puis s’éteignent automatiquement sur nos pas. Dans cette première partie de la maison, les pièces communes défilent: une salle polyvalente qui se transforme volontiers en espace d’expositions ou de tournois de tennis de table, un salon dans le hall d’entrée, ou une buanderie au fond d’un passage plus étroit. «On fait, chaque mois, une nouvelle expérience pour créer de la lessive écologique», explique Nigar Zeynalova, mère de famille qui vit ici avec son mari et leurs deux enfants dans un duplex. Elle tend un contenant en verre rempli d’un liquide verdâtre. «En ce moment on teste une lessive à base de savon d’Alep, de bicarbonate de soude et de feuilles de menthe de notre jardin.» C’est tout le concept de la Smala, dont un des écovillages est né ici en fin d’année 2017. Il veut être un laboratoire vivant, où tous ses habitants s’investissent quotidiennement pour un mode de vie plus respectueux de l’environnement. Nigar est, en ce moment, responsable des essais lessive, les autres habitants ont tous une tâche différente pour favoriser leur vie en communauté, orientée sur de bonnes pratiques écologiques.
En tout, ce sont 22 pièces de vie pour une dizaine d’espaces communs comme la cuisine à l’étage, le jardin partagé ou divers ateliers. Chaque habitant paie son logement individuel ou en famille, puis participe à un budget commun pour les repas et d’autres activités. «Nous nous rencontrons, chaque mois, pour discuter des projets, voir comment tout avance, continue Nigar. Le plus souvent, nous mangeons aussi les midis avec ceux qui travaillent ici.» Car les personnes que l’on y croise peuvent soit y vivre tout en travaillant, ou simplement venir la journée. «Tout le monde dit constamment qu’il faut aller vers une transition écologique. Nous, on le fait de manière très concrète par de petites choses du quotidien», témoigne Théo Bondolfi, cofondateur de la Smala.

«J’apprécie les échanges, qui sont toujours très riches»

«J’ai grandi dans un environnement très différent de celui-ci, je n’ai connu l’électricité ou les hôpitaux qu’à 18 ans. Puis j’ai parcouru le monde, exercé comme greffière pour la justice fédérale, assistante dans une banque ou cuisinière, avant de faire mon diplôme en gestion d’entreprise. J’apprécie les échanges ici, qui sont toujours très riches. Je réalise qu’à l’extérieur on accepte de mieux en mieux ce mode de vie, c’est une marque d’ouverture d’esprit.»

Lucélia Ferreira,
41 ans, d’origine amérindienne et Suissesse, ne vit pas à la Smala, mais y travaille comme comptable.

«Je fais découvrir beaucoup de choses à mes enfants»

«Je cherchais une expérience professionnelle dans le domaine de la transition écologique. On vivait avec ma famille à Lausanne, depuis trois ans, on ne connaissait personne. Alors, quand on a découvert ce mode de vie, cela nous a totalement convaincus.
Je fais voir beaucoup de choses à mes enfants, des cultures différentes, c’est très intéressant pour eux aussi.»

Nigar Zeynalova,
30 ans, architecte, originaire d’Azerbaïdjan, arrivée de Norvège et maman de deux enfants, anime le site Web de la Smala.