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SAMANTHA LUNDER

En Suisse, les parents qui adoptent – à l’image de la famille Kamri (lire en page 4) – pourront-ils bénéficier d’un congé au moment d’accueillir leur enfant? Le Conseil fédéral a soutenu, la semaine dernière, un projet en ce sens de la commission de la sécurité sociale du Conseil national. Il vise à donner aux parents qui adoptent des enfants de 4 ans ou moins deux semaines pour rester en famille. À ce jour, aucun congé n’est accordé. Une situation jugée anormale, selon ces élus, qui défendent une révision de la loi. Nous sommes allés demander leur avis aux habitants de Riaz.

Riaz, c’est la commune sur laquelle on tombe, en sortant de Bulle, pour aller à Fribourg. Tout en longueur, le village est traversé par une route principale qui nous mène à toutes les commodités: un peu excentré, mais toujours plein de monde à en croire les personnes croisées sur place. Le tea-room Chez Nathalie est un haut lieu de rencontre pour les habitants de la commune, mais aussi de celles voisines. Avec sa pharmacie, ses commerces, sa Poste et même son agence de voyages, Riaz n’est pas qu’un lieu de passage.

«Cela devrait être traité comme un congé parental»

«Je pense que cette question sur un congé lors d’une adoption devrait être traitée de la même manière qu’un congé parental. On pourrait répartir ces deux semaines entre les deux parents et ainsi leur permettre d’accueillir leur enfant de la meilleure des manières.»

Patrice Blanc,
70 ans, retraité, de Riaz

«Un parent qui adopte a déjà eu un parcours difficile»

«Je suis totalement pour qu’on donne aussi des jours de congé à ces nouveaux parents. Je ne vois pas pourquoi ils n’y auraient pas droit. Et deux semaines c’est vraiment peu honnêtement. Chaque jeune parent en a besoin pour s’adapter à cette nouvelle vie. En plus une famille qui adopte a déjà eu un parcours difficile pour y arriver, alors il faut leur donner cette possibilité de rester avec leur jeune enfant.»

Françoise Buser,
62 ans, employée de commerce, de Marsens (FR)

«Je ne vois pas de différence entre un parent biologique ou non»

«Je suis tout à fait convaincue que l’on doit donner ces deux semaines de congé. Je ne vois pas de différence entre le fait d’être un parent biologique ou non. Quand on adopte, cela dépendra peut-être de l’âge de l’enfant, mais il y a des facteurs à prendre en compte comme le fait que s’ils ont un ou deux ans, ils ont un vécu derrière. Il faut un temps d’adaptation pour eux et c’est primordial que les parents puissent les accompagner dans leur arrivée.»

Colette Corpataux,
66 ans, retraitée, de Riaz

«En Suisse, la politique pour les familles n’est pas idéale»

«Du moment qu’on a un enfant, je pense qu’il est important de pouvoir avoir du temps pour être avec lui. En Suisse, la politique pour les familles n’est déjà pas idéale, on se bat justement pour que les pères puissent aussi avoir un congé
acceptable. Là, c’est pareil. Il faudrait que les parents qui adoptent aient ces deux semaines. Cela serait un minimum vis-à-vis de nos seize semaines. J’ai moi-même un frère adoptif, je sais ce que c’est.»

Aurélie Dévaud,
30 ans, infirmière, de Villariaz (FR)