TEXTES: FABIEN FEISSLI
PHOTOS: MURIEL ANTILLE

4Physiothérapeutes spécia-lisées dans la rééducation du périnée, Catherine Menthonnex et Laure Edelin-Brunner exercent ensemble, à Lausanne, depuis plus de vingt ans.
4Longtemps négligé, cet ensemble de muscles rassemble, pourtant, de nombreuses fonctions capitales et est mis à rude épreuve au cours de notre existence.
4Si le périnée est de plus en plus mis en lumière dans le cadre de la grossesse, son rôle dans la sexualité, et notamment des douleurs qu’il peut provoquer, reste encore très tabou.

En quelques années, le périnée est devenu la star des magazines féminins et des émissions médicales. Une avancée positive pour Catherine Menthonnex et Laure Edelin-Brunner, physiothérapeutes spécialisées dans la rééducation pelvi-périnéale. Pour autant, elles soulignent que le rôle du périnée dépasse largement le cadre de l’accouchement. Depuis plus de vingt ans, les deux femmes partagent une passion commune et un cabinet. Elles ont répondu à nos questions d’une seule voix.

Pour commencer simplement, qu’est-ce que le périnée?
C’est un ensemble de muscles situé entre le pubis et le coccyx. Une sorte de hamac qui soutient les organes. Il doit être à la fois souple et tonique, car il assure les entrées lors des rapports sexuels et les sorties quand on va à la selle, quand on urine ou quand on accouche, par exemple.

 

En quoi est-il si important?
Comme nous sommes des bipèdes, c’est le fond de la marmite. La gravité, les changements hormonaux, la grossesse, l’accouchement, le périnée subit énormément de contraintes au cours de notre existence. On ne s’en rend pas compte, mais beaucoup de choses se passent, là, pendant notre vie professionnelle, sexuelle et sportive. Il existe aussi chez les hommes, toutefois il pose davantage de problèmes chez les femmes.

 

Pourquoi?
Anatomiquement, nous ne sommes pas faites pareilles. Les femmes ont une ouverture supplémentaire, le vagin, donc l’équilibre du corps peut plus facilement être perturbé. Depuis la nuit des temps, il y a toujours eu des problèmes liés au périnée, notamment lors de l’accouchement. Mais, aujourd’hui, les femmes sont de plus en plus exigeantes par rapport à leur propre corps. Elles ont changé leurs habitudes de vie. Elles n’acceptent plus de vivre avec des problèmes d’incontinence, veulent reprendre le travail et le sport rapidement après l’accouchement. Elles doivent donc apprendre à protéger leur périnée et à prendre des précautions.

On parle de plus en plus du périnée en lien avec la grossesse et l’accouchement, mais quelles sont ses autres fonctions?
Il y a également tout ce qui est lié à la continence urinaire, aux selles, aux gaz ou, à l’inverse, à la constipation. Quand tout fonctionne correctement, on ne se rend pas compte à quel point ces petits problèmes peuvent devenir très importants du point de vue social. Nous, notre spécialisation, ce sont les douleurs lors des rapports sexuels. Si vous avez mal lors de la pénétration, il y a une boucle qui se met en place qui fait que la musculature du périnée va se crisper et que vous allez avoir encore plus mal. C’est un problème important qui reste encore très tabou. Beaucoup de femmes hésitent à en parler à leur gynécologue et ce dernier ne pose pas forcément la question par peur d’être trop intrusif. Mais il n’y a rien de honteux, il faut en parler, ce n’est pas une fatalité. Il y a des choses simples à faire qui peuvent être efficaces.

Quand elles viennent vous voir, comment pouvez-vous aider ces patientes?
Tout d’abord, nous cherchons à calmer le jeu. Ce sont des femmes qui ont souvent la sensation d’être seules, d’être coupables. Elles se posent beaucoup de questions: est-ce que je suis normale? Est-ce que les autres vivent ça? Est-ce que mon conjoint va me quitter? C’est impressionnant de voir ces femmes, parfois très jeunes, qui sont en souffrance, qui vivent une sexualité triste. Pour certaines, cela dure depuis plus de dix ans, donc, quand elles arrivent chez nous, elles ont l’impression de pouvoir enfin poser leur sac. Notre rôle, c’est de les aider à le vider, à retirer cette douleur, ce stress, cette culpabilité. Ce n’est pas forcément un succès à 100%, mais il y a toujours, toujours, un bénéfice.

Concrètement, qu’est-ce que vous mettez en place?
Il y a différents moyens, nous travaillons beaucoup sur la prise de conscience du périnée. Énormément de gens ne savent pas le situer, le ressentir. Ce n’est pas forcément facile. Contrairement à un membre, il est à l’intérieur du corps, donc il n’est pas visible. Ensuite, nous essayons, de plus en plus, de mettre en place une prise en charge multidisciplinaire avec un gynécologue, un ostéopathe, un psychiatre et de la relaxation. La situation est souvent très subtile, cela peut être lié à des maladies, à du stress, mais aussi à des problèmes psychologiques ou à des abus. La liste peut être longue et, parfois, on ne l’explique tout simplement pas.

Qu’est-ce que chacun peut faire pour protéger son périnée?
Il n’y a pas un exercice en particulier à recommander, mais les cours de Pilates sont intéressants s’ils sont bien donnés. Pour aller plus loin, vous pouvez aussi vous intéresser aux livres de la doctoresse Bernadette de Gasquet, qui est la spécialiste de la question. Nous, notre rêve serait de pouvoir avoir des sessions, dès l’école, pour apprendre aux enfants, notamment aux jeunes filles, à situer leur périnée et comment le protéger. Il faut faire beaucoup plus de prévention dans ce domaine-là.

On parle de plus en plus du périnée en lien avec la grossesse et l’accouchement, mais quelles sont ses autres fonctions?
Il y a également tout ce qui est lié à la continence urinaire, aux selles, aux gaz ou, à l’inverse, à la constipation. Quand tout fonctionne correctement, on ne se rend pas compte à quel point ces petits problèmes peuvent devenir très importants du point de vue social. Nous, notre spécialisation, ce sont les douleurs lors des rapports sexuels. Si vous avez mal lors de la pénétration, il y a une boucle qui se met en place qui fait que la musculature du périnée va se crisper et que vous allez avoir encore plus mal. C’est un problème important qui reste encore très tabou. Beaucoup de femmes hésitent à en parler à leur gynécologue et ce dernier ne pose pas forcément la question par peur d’être trop intrusif. Mais il n’y a rien de honteux, il faut en parler, ce n’est pas une fatalité. Il y a des choses simples à faire qui peuvent être efficaces.

Quand elles viennent vous voir, comment pouvez-vous aider ces patientes?
Tout d’abord, nous cherchons à calmer le jeu. Ce sont des femmes qui ont souvent la sensation d’être seules, d’être coupables. Elles se posent beaucoup de questions: est-ce que je suis normale? Est-ce que les autres vivent ça? Est-ce que mon conjoint va me quitter? C’est impressionnant de voir ces femmes, parfois très jeunes, qui sont en souffrance, qui vivent une sexualité triste. Pour certaines, cela dure depuis plus de dix ans, donc, quand elles arrivent chez nous, elles ont l’impression de pouvoir enfin poser leur sac. Notre rôle, c’est de les aider à le vider, à retirer cette douleur, ce stress, cette culpabilité. Ce n’est pas forcément un succès à 100%, mais il y a toujours, toujours, un bénéfice.

Concrètement, qu’est-ce que vous mettez en place?
Il y a différents moyens, nous travaillons beaucoup sur la prise de conscience du périnée. Énormément de gens ne savent pas le situer, le ressentir. Ce n’est pas forcément facile. Contrairement à un membre, il est à l’intérieur du corps, donc il n’est pas visible. Ensuite, nous essayons, de plus en plus, de mettre en place une prise en charge multidisciplinaire avec un gynécologue, un ostéopathe, un psychiatre et de la relaxation. La situation est souvent très subtile, cela peut être lié à des maladies, à du stress, mais aussi à des problèmes psychologiques ou à des abus. La liste peut être longue et, parfois, on ne l’explique tout simplement pas.

Qu’est-ce que chacun peut faire pour protéger son périnée?
Il n’y a pas un exercice en particulier à recommander, mais les cours de Pilates sont intéressants s’ils sont bien donnés. Pour aller plus loin, vous pouvez aussi vous intéresser aux livres de la doctoresse Bernadette de Gasquet, qui est la spécialiste de la question. Nous, notre rêve serait de pouvoir avoir des sessions, dès l’école, pour apprendre aux enfants, notamment aux jeunes filles, à situer leur périnée et comment le protéger. Il faut faire beaucoup plus de prévention dans ce domaine-là.