TEXTES: CHRISTINE SCHMIDT
PHOTOS: SEDRIK NEMETH

En Valais, Jean-Bernard Hofmann s’est inspiré de personnages existants pour créer les figures d’un jeu de cartes.
Cet artiste sédunois de 49 ans est considéré comme un peintre de la réalité, dans la grande tradition du portrait et du paysage.
Ses œuvres d’art sont «comme des défis successifs qui me permettent d’affiner constamment ma technique», note l’artiste.

Souriez, vous êtes… croqués. Si vous faites partie d’une société locale de costumes traditionnels valaisans, ou que vous ayez porté l’une de ces tenues typiques d’apparat lors d’une fête villageoise, vous avez alors peut-être été repéré par Jean-Bernard Hofmann, auteur d’un jeu de cartes pour le moins original. Passionné de portraits, et plus particulièrement de scènes valaisannes vivantes, cet artiste sédunois de 49 ans s’est inspiré de personnages existants pour réaliser les figures d’un jeu de cartes, à savoir son roi, sa reine et son valet. «En assistant à des cérémonies villageoises, j’ai observé et pris en photo des gens qui paradaient en habit typique ou faisaient partie d’une société d’anciens costumes traditionnels valaisans, pour ensuite en faire leur portrait pour ce jeu de cartes. J’ai également consulté plusieurs sites Web de sociétés locales pour trouver quelques visages sympathiques…» précise Jean-Bernard Hofmann, qui trouve le plus souvent son inspiration dans ce qui l’entoure. L’artiste a ainsi croqué le portrait d’une série d’habitants des communes de Savièse, de Sion, d’Evolène et de Nendaz pour créer les figures de ce jeu de cartes. Des habitants qu’il connaît personnellement, pour certains, et qui se sont empressés de lui acheter quelques exemplaires de ce jeu de cartes unique.
Mais d’où lui est venue cette idée géniale de mettre en scène des personnages locaux? «Cette idée de jeu de cartes me trottait dans la tête depuis un bon bout de temps déjà, explique l’artiste diplômé des Beaux-Arts de Sion. Lorsque les patrons d’un café sédunois m’ont demandé de réaliser le décor de leur établissement pour le Carnaval de Sion, en 2017, sur le thème «Recto-Verso», j’ai alors eu le déclic.» C’est de là qu’est né un jeu de cartes géant représentant des Sédunois. Suite à cette commande, Jean-Bernard Hofmann a donné du relief à son idée en travaillant à la conception d’un jeu de cartes standard. «J’ai pris contact avec un imprimeur pour la composition graphique, pour ensuite faire appel à une amie qui collabore dans un atelier de cartonnage pour la réalisation de la boîte qui allait contenir les cartes.» Une boîte tout aussi originale et soignée que son contenu puisque bordée de frises sur le thème de la poya, elles aussi teintées de réalisme, avec, en prime, une couverture représentant l’artiste en situation. Un souci du détail propre à Jean-Bernard Hofmann, qui ne s’avoue jamais entièrement satisfait. «Il y a encore plusieurs détails qu’il faut retravailler, dont des dessins plus distinctifs entre le roi et le valet, ou la partie verso des cartes, remarque l’artiste. Pour développer ce jeu avec des personnages d’autres communes valaisannes, et pour le vendre à un prix attractif, il faut en outre que je trouve un imprimeur à gros tirage.» C’est que l’artiste espère, en effet, pouvoir vendre son jeu de cartes à des organisateurs de matchs aux cartes de la région. Mais, comme il le souligne, il y a encore de l’ouvrage sur le métier. Rien qui ne freine, cependant, la motivation de l’artiste peintre.

«Je peux vivre plus ou moins de mon art, depuis quelques années, grâce au bouche-à-oreille et à la qualité de mon travail.»

Jean-Bernard Hofmann, peintre

Un touche-à-tout chouchou des bistroquets

Jean-Bernard Hofmann est un perfectionniste dans son art de reproduire patiemment le monde réel. Lorsqu’il nous reçoit dans son atelier, qui lui sert aussi de chez lui dans un bucolique petit chalet des Mayens de Sion, il est affairé à parfaire encore et encore une toile représentant une mise en scène minutieuse d’une pièce de théâtre à laquelle il a assisté récemment dans la commune valaisanne de Sembrancher. Tous les acteurs et quelques spectateurs y sont représentés avec une précision incroyable. On y reconnaît d’ailleurs Léonard Gianadda, photoreporter, ingénieur et bâtisseur, mécène d’art, commandeur de la Légion d’honneur et académicien qui a définitivement inscrit sa trajectoire au cœur des arts en donnant naissance à la Fondation Pierre Gianadda, à Martigny. «Léonard Gianadda, dont j’ai croqué le portrait pour le lui vendre sur un coup de bluff», raconte fièrement notre interlocuteur.
Que ce soient ses toiles d’acrylique ou d’huile, ses peintures murales, ses frises ou ses sculptures, «j’aborde toujours mon image par de larges coups de pinceaux de mise en place. Couleur après couleur, je corrige les proportions et précise les détails jusqu’à ce que je trouve la caractéristique visuelle la plus juste pour chaque texture.»
Grâce à son originalité, Jean-Bernard Hofmann peut fréquemment présenter son travail dans plusieurs cafés, restaurants et bistrots valaisans. «Je ne suis pas un grand fan des galeries, et préfère exposer mes tableaux dans des établissements publics.» De quoi aussi lui permettre, parfois, d’apporter sa touche artistique personnelle dans le décor de nombreux cafés-restaurants, à l’instar du Vieux-Valais, à Sion, où il a réalisé ses fameuses frises sur le thème de la poya, mais avec toujours une touche toute valaisanne.

BIENTÔT SA GALERIE VIRTUELLE


Jean-Bernard Hofmann n’étant pas un adepte des galeries d’art, il a eu l’idée de concevoir sa propre galerie virtuelle via un logiciel informatique. Avec l’aide d’un ami graphiste, l’artiste peintre est sur le point de proposer à tout un chacun de découvrir son travail sous forme de visite virtuelle à travers différents espaces d’exposition, avec la possibilité de télécharger les images représentant ses œuvres. «Si tout se déroule bien, cette galerie devrait être fonctionnelle à la fin de l’année.» Affaire à suivre…