TEXTES: SAMANTHA LUNDER
PHOTOS: MURIEL ANTILLE

Sébastien Mory s’est baladé pendant une année sur les rives de la Gérine à Marly (FR), pour ramasser 50 kilos de déchets, qu’il a photographiés.

Des canettes, des paquets de cigarettes ou même des chaussures neuves: il a imprimé sur des bâches noires le résultat de son travail pour monter une exposition en pleine nature.

Il souhaite ainsi sensibiliser les promeneurs en leur montrant ce qu’ils laissent derrière eux.

«Tous les jours, quand je sors devant chez moi, je trouve des bouteilles en plastique, des mégots ou des restes de grillades du soir d’avant. J’ai voulu en faire quelque chose.» Quand Sébastien Mory a emménagé dans ce petit coin tranquille de Marly (FR) sur les rives de la Gérine, il a trouvé ce qu’il appelle «son paradis». Sa maison avec un jardin à quelques pas de la rivière, le coin est parfait pour celui que la nature inspire. Mais, très vite, ses promenades prennent une couleur différente: il tombe régulièrement sur des déchets, en tous genres, abandonnés au beau milieu de ce chemin qu’il emprunte si souvent. «On voit beaucoup de gens s’en plaindre sur les réseaux sociaux: ils prennent une photo et la publient avec des commentaires négatifs, mais quel est le résultat?» s’est questionné le photographe indépendant de 35 ans.

Pendant une année, il a donc décidé de ramasser ce qu’il trouvait sur son passage pour, lui aussi, immortaliser ces détritus. Son idée? Les replacer ensuite dans cette zone en plein air, imprimés sur de grandes bâches noires d’un mètre. «C’est un endroit très prisé en été, car il y a plusieurs petites plages sympathiques, raconte-t-il. J’ai eu envie d’intriguer les passants, de les sensibiliser.»

Au total, il a récupéré 50 kilos de déchets, qu’il a conservés chez lui pour les photographier, dans son studio, dans le garage de sa maison. «La quantité me paraissait énorme, jusqu’au moment où un employé communal m’a dit que, en périodes estivales, il pouvait trouver tout ce que j’ai ramassé en un an, en un seul jour.» Trente de ses photographies sont, désormais, accrochées entre les arbres sur ces 200 mètres de chemin, jusqu’au 6 septembre. «J’ai trouvé vraiment de tout… Les déchets les plus fréquents, ce sont les paquets de cigarettes ou les bouteilles d’alcool, mais on est parfois surpris de ce qu’on peut dénicher: je suis tombé sur une chaussure neuve avec l’étiquette et une boîte de smartphone.»

Au total, il a récupéré 50 kilos de déchets, qu’il a conservés chez lui pour les photographier, dans son studio, dans le garage de sa maison. «La quantité me paraissait énorme, jusqu’au moment où un employé communal m’a dit que, en périodes estivales, il pouvait trouver tout ce que j’ai ramassé en un an, en un seul jour.» Trente de ses photographies sont, désormais, accrochées entre les arbres sur ces 200 mètres de chemin, jusqu’au 6 septembre. «J’ai trouvé vraiment de tout… Les déchets les plus fréquents, ce sont les paquets de cigarettes ou les bouteilles d’alcool, mais on est parfois surpris de ce qu’on peut dénicher: je suis tombé sur une chaussure neuve avec l’étiquette et une boîte de smartphone.»

«Il y a des déchets laissés juste en dessous de mes photos.»

D’autres trouvailles l’ont fait sourire, comme cette liste de courses, avec laquelle il aurait pu reconstituer la totalité de la recette. «L’écriture m’a fait penser à une grand-maman qui devait préparer son repas, je me suis raconté des histoires avec ce que j’ai récupéré.» Il raconte même pouvoir presque reconstituer un vélo entier avec toutes les pièces détachées qu’il a retrouvées. Sans vouloir se positionner comme un moralisateur, Sébastien espère marquer les esprits à sa façon. «J’ai le sentiment qu’il y a un peu moins de chenit depuis que l’exposition est en place, mais peut-être que je me trompe, constate-t-il. Il y a quand même quelques fois des déchets laissés juste en dessous de mes photos, ça m’étonne…» Il a monté ce projet autour du littering en collaboration avec la commune de Marly, qui a accepté de le soutenir financièrement dans sa démarche, en payant les tirages. L’exposition sera déplacée à deux reprises, au centre sportif et au port. «Je me questionne moi-même beaucoup à propos de ça. Pourquoi les gens ne connaissent-ils pas les méfaits de ces déchets sur la faune et la flore? J’ai été élevé à la campagne, on m’a appris à ne pas jeter n’importe quoi dehors. Mon but n’est pas de choquer, certains déchets, je les trouve beaux. Mais plutôt de transmettre, par ma démarche artistique, ce qu’on m’a inculqué.»

«J’ai eu envie d’intriguer les passants, de les sensibiliser.»

Sébastien Mory, photographe indépendant

Malheureusement, avec les années, le Fribourgeois a le sentiment de voir toujours plus de déchets autour de lui. Et visiblement il n’est pas le seul: alors qu’il tire sur une des bâches pour la redresser, trois promeneuses l’interpellent: «C’est vous, l’exposition? C’est très bien, il y en a partout et beaucoup trop, de ces cochonneries. Rien que sous le pont, là-bas, il y a des dizaines de mégots.» Elles soulèvent tout de même que cette exposition risque de ne toucher «que ceux qui sont déjà sensibilisés». Dans tous les cas, le pari est réussi pour Sébastien: à pied ou à vélo, les passants lèvent la tête en traversant ce chemin, où les déchets se marient désormais plus que jamais avec la nature.