TEXTES ET PHOTOS:
SAMANTHA LUNDER

Existe-t-il vraiment des délits de faciès en Suisse? Oui, selon une étude révélée par le «SonntagsBlick» la semaine dernière: des discriminations raciales seraient encore présentes lors de contrôles de police. Nous sommes allés poser la question aux habitants de Schoenberg, un quartier fribourgeois où 100 nationalités se côtoient.
Le vilain petit canard fribourgeois, le Schoenberg ? Pas à en croire ses habitants: «On y vit bien», affirment, unanimes, les personnes croisées sur place. Situé à l’Est de la Sarine, le quartier n’a jamais eu une très bonne réputation. Il est critiqué pour sa nombreuse population étrangère et ses HLM. Et pourtant, c’est bien cette mixité sociale qui fait sa particularité! Des longues allées d’arbres un peu partout, des magasins, une Poste, une pharmacie : tout peut se faire à pied dans cette zone, qui abrite même l’Office de la circulation et de la navigation du canton. On est donc bien loin de la banlieu malfamée surtout quand on nous parle avec autant d’enthousiasme du traditionnel pique-nique annuel, organisé au mois de septembre, et où tout le monde se retrouve pour partager un bon moment.

 

«Il n’y a aucune raison qu’on nous arrête plus que les autres.»

 «Je n’ai pas le sentiment que la police arrête plus souvent les personnes de couleur. En tout cas, je n’y ai jamais été confronté. Les autorités font leur travail et j’ai l’impression qu’ils arrêtent tout le monde de la même manière. Du moment qu’on fait attention à ne pas boire en conduisant et qu’on porte la ceinture, il n’y a aucune raison qu’on nous arrête plus que les autres.»

Yonatan Mehrtab,
34 ans, travaille dans la distribution
alimentaire, du Schoenberg

«On sait que cette discrimination existe.»

 «C’est difficile à dire si ce délit de faciès est vraiment présent en Suisse. La police doit être neutre, selon moi, et si ce n’est pas le cas, ce n’est pas normal. On sait que ce type de discrimination existe, mais j’avais le sentiment qu’elle avait un peu diminué.»

Geneviève Burgy,
70 ans, retraitée,
du Schoenberg

«Je pensais que cela arrivait moins de la part des autorités.»

 «Je ne sais pas comment cela se passe réellement, mais si cela arrive, c’est effrayant. Cela m’étonne qu’une étude révèle le problème encore aujourd’hui. Je suis consciente qu’on a du racisme en Suisse, mais je pensais que le phénomène concernait moins les autorités.»

Mathilde Fresaro,
21 ans, s’occupe d’enfants et travaille dans une institution, de Fribourg

«On m’arrête beaucoup en Suisse alémanique.»

 «Chaque fois que je passe la frontière, seul ou avec ma famille, on m’arrête effectivement… Je suis d’accord que la police contrôle les gens, on a des préoccupations en lien avec le terrorisme par exemple, il faut donc le faire. Mais je remarque qu’on m’arrête beaucoup plus en Suisse alémanique qu’ici. Cela m’effraie un peu car j’ai le sentiment qu’il y a plus de racisme là-bas.»

Hugo Fonseca,
36 ans, poseur de panneaux solaires, du Schoenberg

«Quand la police arrête des gens, c’est pour de bonnes raisons.»

 «Je n’ai pas de connotation négative concernant les autorités. Je pense qu’elles mettent en confiance la population et qu’il n’y a aucune raison de les craindre du moment qu’on suit la loi. Quand la police arrête des gens, c’est pour de bonnes raisons selon moi, qu’ils soient de couleur ou non.»

Margarita Philippova,
36 ans, analyste en soutien technique, du Schoenberg

«Il faudrait que le traitement soit égalitaire.»

 «Cela ne m’est jamais arrivé de me faire arrêter et d’avoir le sentiment qu’ils l’ont fait à cause de ma couleur de peau. Mais il y a effectivement des personnes qui en sont victimes: par exemple, à la gare, quand ils font des contrôles, ils ne demandent leurs papiers qu’à des étrangers. Bien sûr, c’est leur travail, mais il faudrait que le traitement soit égalitaire, nous sommes des êtres humains comme tous les autres.»

Daniel Ghebregergs,
30 ans, en recherche d’emploi, du Schoenberg