TEXTES: FABIEN FEISSLI
PHOTOS: STEFAN MEYER

 

Porte-parole romand de l’Office fédéral des routes, Olivier Floc’hic le reconnaît sans détour, les autoroutes suisses sont toujours en travaux.

Une nécessité, selon lui, pour entretenir notre réseau vieillissant et éviter des catastrophes comme l’effondrement d’un ouvrage.

S’il comprend la grogne des automobilistes, il détaille la complexité de la mission de l’Ofrou et assure que tout est fait pour limiter au maximum les désagréments.

Coincés dans un bouchon causé par un chantier d’autoroute, la plupart des automobilistes suisses se sont déjà posé la question: pourquoi diable y a-t-il autant de travaux sur les routes nationales helvétiques? Pour y répondre, c’est à Bienne, sur le chantier des rampes de Boujean qui durera jusqu’en 2021, que Olivier Floc’hic, porte-parole romand de l’Office fédéral des routes (Ofrou), nous a donné rendez-vous.

Pourquoi est-ce qu’on a l’impression qu’il y a toujours des travaux sur l’autoroute ?
Ce n’est pas une impression, c’est la vérité: il y a toujours un tronçon en travaux, toujours. C’est pareil que dans votre maison. À l’achat, tout était en ordre et, avec le temps, vous vous rendez compte qu’il y a des mesures à prendre pour l’entretenir et l’améliorer. Notre mandat, à l’Ofrou, c’est justement de garantir la pérennité de nos infrastructures. En moyenne, nous avons une dizaine de gros chantiers sur les autoroutes romandes chaque année. C’est beaucoup, mais c’est nécessaire.

Comment expliquer qu’il y en ait autant ?
Le réseau a été construit dans les années 1960, 70 ou 80. Comme pour un être humain, il y a un vieillissement qui demande de plus en plus d’entretien. Nous arrivons à un moment où tous les ouvrages ont le même âge parce qu’ils ont été construits au même moment. Quand on finit les travaux sur une zone, normalement on sait que l’on est tranquille pour quinze ou vingt ans. Mais il y en aura d’autres quelques kilomètres plus loin. Donc, si vous venez du Valais et que vous allez à Genève, vous avez le sentiment que c’est un chantier permanent. Et c’est la vérité. Mais, à moins de décider qu’on ne veut plus de routes nationales, on n’arrêtera jamais de faire des travaux.

Que se passerait-il si cet entretien n’était pas fait ?
Je reprends l’exemple de la maison. Si vous n’entretenez pas votre patrimoine, il va se désagréger au fil du temps. Cela pourrait conduire à des événements dramatiques, comme la chute d’un ouvrage par exemple. C’est pour ne pas rencontrer des catastrophes de ce type que l’on observe régulièrement l’état du réseau, en moyenne tous les cinq ans.
En fonction des constats de nos équipes, on détermine les priorités. Il y a aussi tout un aspect d’amélioration pour s’adapter aux défis du trafic actuel. Lorsqu’on assainit un tronçon, on en profite pour le mettre aux nouvelles normes de sécurité ou environnementales.

Qu’aimeriez-vous dire aux automobilistes qui râlent d’être toujours dans les travaux ?
Leur dire qu’ils ne voient pas tout ce qui est fait en amont. Il y a, là, deux réalités qui s’opposent. Tout ce qui se passe autour d’une route est largement sous-estimé par l’automobiliste lambda. Pour nous, c’est surprenant d’entendre qu’on ne prend pas en compte leurs besoins, alors qu’on fait tout notre possible précisément pour réduire au maximum les entraves au trafic. Mais un chantier, c’est forcément des désagréments.

««L’automobiliste lambda
sous-estime largement
tout ce qui se passe
autour d’une route.»»

Olivier Floc’hic, porte-parole romand de l’Office fédéral des routes

Concrètement, qu’est-ce que vous faites pour les limiter ?
Il faut préciser que, dans le cadre de notre mandat, nous sommes obligés de toujours maintenir le trafic, ce qui est un véritable défi pour nous. Nous faisons donc un maximum de chantiers de nuit, entre 22h et 4h du matin, mais il faut se rendre compte que cela ne représente que six heures de travail effectif, ce qui est très peu. Partout où c’est possible, nous utilisons également la bande d’arrêt d’urgence pour refaire progressivement la route et garder en permanence deux pistes dans chaque sens. Le maintien du trafic est vraiment quelque chose d’essentiel pour nous. Pour vous donner un chiffre, sur chaque chantier nous investissons environ 10% de notre budget dans ce domaine-là.

À l’inverse, qu’est-ce que les automobilistes peuvent faire pour améliorer la situation ?
Je comprends bien que cela peut être énervant de se retrouver dans une zone de chantier, mais il faut absolument respecter la vitesse autorisée. Tout ’abord pour vous-même, mais surtout pour protéger la vie des ouvriers qui travaillent pour garantir notre sécurité à tous. Ensuite, si on respecte les vitesses et les
istances, cela permet d’éviter ces effets d’accordéon qui vont créer les bouchons. Cela fluidifie donc le trafic pour tout le monde.

À quoi devons-nous nous attendre, en termes de chantiers, pour les années à venir?
Il ne faut pas s’attendre à plus de travaux, mais il ne faut surtout pas s’attendre à moins de travaux. Dans les années 1960, quand le réseau venait d’être construit, j’aurais eu un autre discours, je vous aurais dit que nous étions tranquilles pour les trente prochaines années. Et j’aurais préféré faire mon travail à ce moment-là (rires) !

FIN