TEXTES ET PHOTOS:
SAMANTHA LUNDER

 

Trois fois par semaine, Cédric Herger se rend au Centre Emys de Chavornay (VD) pour s’occuper de ses protégées: 2200 tortues.

Il les nourrit et les soigne parfois même le matin, à 5h30, avant d’aller travailler.

Cet infirmier y est bénévole, depuis sept ans, et a lui-même une bonne cinquantaine de reptiles dans son jardin.

«Ils annoncent un froid glacial cette fin de semaine, mieux vaut rentrer les tortues les plus fragiles.» Cédric rejoint le hall principal, deux bacs en plastique dans les mains. À l’intérieur il y a deux espèces aquatiques, dont on ne voit que la carapace. «Celles-ci ont hiberné dans l’eau dehors, visiblement elles sont apathiques et fatiguées, on va tenter de les réchauffer progressivement», explique cet infirmier de 45 ans. Il les humidifie avec un peu d’eau avant de leur préparer un petit compartiment sous une lampe dans l’infirmerie. Elles resteront ici quelques semaines puis elles pourront retrouver leur enclos, «le réveil d’hibernation peut être difficile pour certaines espèces, alors il faut les surveiller». On voit l’une d’entre elles pointer le bout de son nez. «Elles sont réactives, ça devrait aller», constate, confiant, le Vaudois.

 

«Si j’ai une tortue en soins et que
ça m’inquiète un peu, cela m’arrive de venir
tôt le matin, vers 5h30»

Cédric Herger , bénévole au Centre Emysde Chavornay (VD)

 

Cédric Herger est bénévole au Centre Emys de Chavornay (VD). Il est arrivé aux aurores ce vendredi matin. Car, comme chaque semaine, il consacre son jour de congé à soigner les pensionnaires de cet endroit qui recueille des tortues abandonnées. Fou de ces reptiles depuis qu’il est enfant, il en a lui-même une bonne cinquantaine dans son jardin. «C’est une passion dévorante, j’ai eu ma première quand j’avais six ans. C’est le côté animal ancêtre que j’aime», raconte-t-il, enthousiaste. Au centre, c’est lui qui a créé le local de l’infirmerie, où il revigore les animaux grâce à ses compétences acquises à l’hôpital. «Si j’en ai une en soins et que ça m’inquiète un peu, cela m’arrive de venir tôt le matin, vers 5h30, avant d’aller travailler pour m’assurer que tout va bien.»

«Je suis peut-être un peu alarmiste»

Ici, tout est géré par des bénévoles, qui se répartissent le temps de travail pour assurer une vie heureuse aux 2200 pensionnaires. Pour Cédric, c’est chaque fois la même routine: il commence par vérifier que tout le monde va bien dans les enclos à l’extérieur. Après les bassins des espèces aquatiques, il part contrôler celles terrestres. «Concrètement je regarde comment elles se nourrissent, si elles bougent bien», explique-t-il en poussant un portail en bois. Là, je vais les remettre dans les serres, histoire qu’elles ne souffrent pas du froid.» Il fouille dans les herbes hautes. «Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est facile de les retrouver au milieu de toutes ces plantes», lâche-t-il avant de se relever, trois tortues dans les mains. Le soigneur s’étonne tout de même de voir deux de ses animaux manger tranquillement dehors, «je suis peut-être un peu alarmiste quand je vois ces deux-là…» Au menu du jour, toutes sortes de verdure. Cédric pointe du doigt un champ derrière le centre: «C’est là qu’on cultive les plantes qu’on leur donne comme du plantain ou du trèfle frais. C’est sûr, on n’en est plus au petit sac en plastique de pissenlit.»

 

«Il y a presque toujours une
histoire derrière un abandon»

En une vingtaine de minutes, Cédric déplace des dizaines de tortues pour les mettre à l’abri. «Je suis toujours surpris du nombre qu’il y en a, je crois qu’on est bons!» s’exclame-t-il en refermant l’enclos. Et s’il y en a autant, c’est surtout parce que les abandons sont plus fréquents que les adoptions à Chavornay. En moyenne, un animal par jour est apporté au centre par des particuliers. Contre environ 200 adoptions par an. «De plus en plus de gens s’en débarrassent dans la nature, mais beaucoup font l’effort de venir ici, car nous sommes le seul centre à faire ça en Suisse.» Une des raisons principales qui pousse à la séparation? La longévité de ces tortues. «Il y a aussi beaucoup de tristesse dans ces abandons, comme lorsque la personne doit aller en EMS et ne peut pas garder son compagnon.» Reste que, trop souvent, les gens s’en lassent.

 

FIN