TEXTES: FABIEN FEISSLI
PHOTOS: CHARLY RAPPO
Dans le canton de Fribourg, l’équipe de 5e ligue du FC Treyvaux est, statistiquement, la plus mauvaise de Romandie. Elle a perdu tous ses matchs depuis le mois d’août.
Malgré cette situation très compliquée, les Fribourgeois gardent la motivation. La preuve, ils étaient 18 sur la feuille de match au moment d’affronter le coleader de leur groupe, le FC Riaz, le week-end dernier.
Constituée l’été passé par une bande d’amis, dont certains n’avaient jamais joué au foot, l’équipe s’est fixé un objectif simple: faire au moins un point avant la fin de la saison. Il leur reste quatre match pour y arriver..
Treize matchs, treize défaites, sept buts marqués, huitante-trois encaissés. Le bilan du FC Treyvaux II cette saison est cauchemardesque. Inscrite en 5e ligue, le niveau footballistique le plus faible en Suisse, l’équipe a tout simplement les pires statistiques de toute la Romandie. Pourtant, au moment de se retrouver sur le parking du FC Riaz II, à quelques kilomètres de Bulle (FR), joueurs et entraîneurs ont le sourire. «Personne n’a baissé les bras mais on essaye de le prendre à la rigolade. À la maison, on ne nous demande même plus si on a gagné. Nos proches disent juste: «Alors, combien?», s’amuse Frédéric Dousse, l’un des deux coachs fribourgeois. «On a créé l’équipe cette année avec des joueurs très jeunes qui, pour certains, n’avaient jamais joué au foot. On savait que ce serait dur», appuie son collègue Julien Burckel.
En ce dimanche après-midi de Fête des mères, au moment d’affronter Riaz II, actuellement coleader du groupe, les deux entraîneurs préfèrent se montrer positifs. «Il y a deux semaines, nous avons eu une discussion tous ensemble. Depuis, tout le monde met un peu plus d’envie donc on espère continuer sur notre progression». Tandis que les Treyvaliens prennent bruyamment possession de leur vestiaire, l’entraîneur adverse se montre admiratif. «Chapeau à leurs coachs de réussir à garder l’équipe soudée. Je n’ai jamais connu une telle saison, mais si cela nous arrivait, je pense que j’aurais beaucoup de mal à trouver des joueurs.»
Au moins un point!
Quelques minutes avant le coup d’envoi, Julien et Frédéric rappellent à leurs hommes les fondamentaux: «On met le pied, on gagne les duels et on prend du plaisir»! À aucun moment, ils ne mentionnent le fait de remporter le match. «On a décidé d’arrêter de parler de victoire parce que cela mettait peut-être trop la pression à certains», explique Julien. Les deux amis souhaiteraient, toutefois, faire au moins un point avant la fin de la saison. «Cela nous ferait beaucoup de bien à tous. Et, si on remporte un match, on retourne le village!»
C’est avec ce secret espoir que Treyvaux II débarque sur le terrain. Mais, le début de la rencontre tourne très vite en faveur du FC Riaz. Une frappe au-dessus, une autre qui rase le poteau, le danger se rapproche des cages de Jérémy, joueur reconverti gardien. Inéluctable, le premier but du FC Riaz tombe dès la 10e minute, suivi, quelques instants plus tard, d’un deuxième. Non loin de la buvette, Jean, Clémence, Fabien et Rémi, observent le match en habitués. «On vient pour le suspens et parce qu’il y a toujours des buts», s’esclaffent-ils. À côté d’eux, Gilles, remplaçant, ne peut que sourire. «Qu’on perde, en soi je m’en fous, on sait très bien qu’on est des bras cassés. Mais là, on prend quand même extrêmement cher», grimace-t-il.
«On a décidé d’arrêter
de parler de victoire
parce que cela mettait
trop de pression.»
Julien Burckel, coach du FC Treyvaux II
Sur le terrain, les Treyvaliens résistent pourtant vaillamment. Ils tentent même d’inquiéter le gardien adverse. «Nous, on est déjà content quand il y a un but pour Treyvaux, on le fête comme une victoire», assurent les quatre fidèles supporters. Mais, juste avant la pause, c’est bien le FC Riaz qui enfonce le clou. Pas mécontents pour autant, Julien et Frédéric savent ce qu’ils vont dire à leurs hommes: «On arrête le match maintenant, l’objectif, c’est d’essayer de gagner la seconde mi-temps.»